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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L'aversion au risque et la malédiction des expédients

1 Septembre 2015 , Rédigé par Seppi Publié dans #Risk-monger, #Union européenne, #Politique

L'aversion au risque et la malédiction des expédients

 

Risk-monger*

 

 

Voici la troisième partie d'une série qui a examiné comment l'inclination pour l'approche de la réglementation fondée sur les dangers, plutôt que les risques [1], a conduit à des décisions irrationnelles et à la montée en puissance de l'agenda du contreprenariat [2] en faveur du retour à un monde pré-industriel prétendument idéal où nous vivions en harmonie avec la nature. J'en étais resté à la question de savoir comment ce programme politique incohérent pouvait réussir à Bruxelles. Dans l'atmosphère politique sans vision de Bruxelles, le recours aux expédients est la vertu et l'objectif est d'éviter les erreurs. C'est un climat mûr pour la prolifération du principe de précaution.

 

Comment le contrepreneur a-t-il si bien réussi à menotter l'innovation et dénigrer l'entreprenariat ?

 

Un entrepreneur a une vision, fixe des objectifs et obtient des résultats  il est capable de prospérer dans un monde de prise de risque où les problèmes ne sont pas des obstacles à éviter mais des défis à relever. Il peut faire des erreurs, il peut subir des revers, mais sa volonté et sa passion sont difficiles à contenir. Ce monde de visions, d'objectifs et de résultats est en train d'être remplacé dans des endroits comme Bruxelles par le monde cynique du recours aux expédients par les fonctionnaires.

 

Exercer la vertu politique de l'opportunisme fait partie de l'art de gouverner sans vision. Plutôt que de chercher les résultats, le régulateur opportuniste va essayer de faire progresser sa carrière sans prendre de risques ou faire d'erreurs. La voie de moindre résistance, l'approche la plus pratique et les solutions les plus simples caractérisent le régulateur opportuniste. L'opportunisme est à l'opposé de la conviction et de la raison d'être  ce vide intellectuel dans des endroits comme la Commission européenne a offert un terrain fertile aux contrepreneurs pour déployer leurs activités. Dans un monde réfractaire au risque, ne pas faire d'erreurs est un objectif qu'il est désirable d'atteindre.

 

 

Jean-Claude Juncker a eu plus de temps qu'il n'en faut pour articuler sa vision pour l'Europe et commencer à poursuivre ses objectifs... mais il n'en a aucun ! Il est l'incarnation de l'opportunisme et de ce désert stratégique sans idées qui a conduit à : une politique sur l'euro-crise grecque qui n'a produit que malheurs ; une indifférence à la résolution de la crise des réfugiés qui a coûté des milliers de vies et produit le retour des murs en Europe. Sa principale réalisation ? Juncker a supprimé le poste de conseiller scientifique principal – une mesure que les contrepreneurs lui réclamaient. Les faits et la science interfèrent souvent avec l'opportunisme et l'amoralité de l'homme politique. Bien qu'actif à Bruxelles [dans le milieu universitaire, NdT], je me surprend souvent à oublier le nom de Juncker – celui qui manque de vision tend à être invisible.

 

L'outil de politique le plus facile à utiliser pour un régulateur est le principe de précaution. Si vous prenez des précautions, on trouvera toujours que vous faites dans l'attention et la protection, que vous n'êtes jamais dans l'erreur (mais peut-être bien n'êtes-vous pas dans le vrai non plus). Donc, avec la précaution, vous pouvez faire disparaître les problèmes sans avoir à prendre une décision difficile (la question peut aussi devenir le problème de quelqu'un d'autre... comme les agriculteurs ou les consommateurs). La perte des avantages peut être masquée par la façade de la préoccupation pour la sécurité et la certitude. La gestion de l'incertitude (la marque distinctive de l'approche réglementaire fondée sur les dangers examinée dans le premier article) signifie que toute décision politique est abandonnée jusqu'à ce que les scientifiques ont pu garantir que la technologie est 100% sûre (politiquement sûre, en fait).

 

Le renversement de la charge de la preuve est le point central de l'utilisation de la précaution par l'UE (la version David Gee/Agence européenne de l'environnement). Sauf à prouver qu'une chose est sûre, l'accès au marché vous sera interdit ou refusé. Pour le régulateur adepte d'expédients, cela est attrayant, car il peut éviter d'agir (en se défaussant de la responsabilité) et il ne court pas le risque de faire une erreur. Il ne prend certes pas non plus le risque de laisser une technologie arriver sur le marché avec des avantages énormes, par exemple des médicaments pouvant sauver la vie ou des moyens d'améliorer la qualité de vie de millions de personnes, mais comme il est un politicien opportuniste sans vision et sans valeurs, il s'en moque. S'il peut garder les activistes dans leurs ridicules costumes d'abeilles loin de la fenêtre de son bureau, il est gagnant.

 

La précaution est l'enfant bâtard de l'opportunisme politique, appelée à interférer avec le développement et l'innovation et à limiter les aspirations des preneurs de risques et des entrepreneurs. Les contrepreneurs – des anachronismes romantiques adeptes d'un naturalisme post-traditionaliste – utilisent la précaution pour démanteler les réalisations de l'industrie, de la science et de la technologie. Et sans leaders visionnaires à Bruxelles, ils réussissent dans un monde d'expédients.

 

La réponse des contrepreneurs à la sécurité alimentaire est plus de nourriture issue de l'agriculture biologique ; leur réponse à la demande croissante d'énergie est d'abandonner les combustibles fossiles, l'énergie nucléaire et hydroélectrique ; leur réponse au besoin d'assurer des emplois et la croissance économique est de bloquer les accords commerciaux internationaux.

 

Voulons-nous un monde où nos avantages et nos moyens de nous assurer une qualité de vie confortable sont lentement érodés par des activistes anti-progrès ? Devrions-nous étouffer les entrepreneurs et les industries qui peuvent résoudre nos problèmes et contribuer au développement de la société ? Sommes-nous prêts à accepter la stagnation et une classe politique opportuniste permettant aux contrepreneurs de faire obstacle aux technologies au profit d'une eschatologie écologique ? Si c'est non, alors peut-être devrions-nous reconsidérer si l'approche de la réglementation fondée sur les dangers à Bruxelles est une bonne idée, et rétablir l'art de la gestion des risques.

 

Mais nous devons d'abord avoir des dirigeants avec une vision et le courage de s'opposer aux contrepreneurs.

 

 

________________

 

* Source : 

http://risk-monger.blogactiv.eu/2015/08/28/risk-aversion-and-the-curse-of-expediency/

 

 

David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur la page Facebook de Risk-Monger :

www.facebook.com/riskmonger.

 

[1] http://risk-monger.blogactiv.eu/2015/08/27/risk-based-or-hazard-based-regulation/

 

[2] http://risk-monger.blogactiv.eu/2015/08/28/the-growing-risk-of-contrepreneurs/

 

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