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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Benbrook s'en va-t-en guerre (ou peut-être plus...)

15 Septembre 2015 , Rédigé par Seppi Publié dans #OGM, #critique de l'information

Benbrook s'en va-t-en guerre (ou peut-être plus...)

 

L'« information » sur les relations entre scientifiques et industrie

 

 

Un argumentaire de cours de récréation ?

 

Les relations – présumées coupables – entre scientifiques et industrie sont d'actualité, principalement aux États-Unis d'Amérique, avec des tentatives d'importation en France – modestes par un blog maintenant relayé par le CRIIGEN, plus sérieuses par le Monde et M. Stéphane Foucart.

 

C'est la mouvance de l'étiquetage obligatoire des OGM – largement noyauté et financé par le secteur agroalimentaire « bio » – qui est à la manœuvre aux USA, avec des méthodes choquantes. Or les circonstances ont tourné les projecteurs vers un autre cas qui implique le secteur précité : celui de M. Charles Benbrook.

 

C'est, au final, une histoire de paille et de poutre !

 

Soyons clairs : qu'une industrie finance des recherches et des chercheurs ne nous cause aucun souci. Au contraire : il doit y avoir des échanges fructueux entre recherche, développement et industrie. Mais c'est à condition que les choses soient claires.

 

On pourrait descendre au niveau de la cour de récréation et argumenter que les uns ont sorti le cas de M. Kevin Folta et que les autres sortent, en représailles ou pour détourner l'attention, celui de M. Benbrook. Il n'en est rien. Ce dernier est emblématique de la créativité et de l'ingéniosité de ce secteur états-unien, ainsi que de son éthique pour le moins discutable.

 

Dans les médias, ce secteur se plait à se représenter comme les bons et les gentils. Il est temps de lever un coin du voile et de dénoncer le carnaval des imposteurs.

 

 

Rappels : harcèlement, intimidation, insultes, « meurtres » et appel au meurtre

 

En France : intimidation judiciaire

 

 

Nous vous l'avons relaté dans un billet précédent [1] : le monde de l'anti-OGMisme s'est lancé dans une campagne de harcèlement et d'intimidation.

 

En France, cela a pris la forme d'une stratégie de chicanerie : critiquez-vous ouvertement les productions ou les comportements que vous jugez contraires à la bienséance scientifique ou médiatique ?... Plainte en diffamation.... On se souviendra que M. Gilles-Éric Séralini est parvenu à faire condamner le Pr Marc Fellous, le 18 janvier 2011, pour diffamation [2]. Il s'est du reste trouvé un contributeur de Wikipedia pour y « compléter » aussitôt la fiche consacrée à M. Fellous...

 

Des plaintes ont également été déposées, à la suite de la fameuse « étude » sur les rats, contre un journaliste, M. Jean-Claude Jaillette, « coupable » de reproduction de propos de scientifiques états-uniens rapportés dans « Scientists Smell A Rat In Fraudulent Genetic Engineering Study », de Forbes [3] ; contre M. Claude Allègre, « coupable » – ah non ! reproduire ses deux mots nous entraîne... ; et contre un Maître de Conférences à l'Université d'Angers et de Caen, maintenant à la retraite.

 

On peut aussi relever, dans un registre voisin, les menaces de plaintes adressées à plusieurs auteurs – dont nous-mêmes – pour cause d'articles critiques sur des allégations au sujet de l'impact des insecticides néonicotinoïdes [4]. Et des plaintes évoquées par ailleurs, mais basta !

 

 

Aux États-Unis d'Amérique : inquisition et chasse aux sorcières...

 

Cette enquête FOIA n'a pas pour d'établir la vérité. Mais de causer du tort à ceux qui disent la vérité (image : twitter)

 

Aux États-Unis d'Amérique, on pourrait se croire revenu aux temps de Joseph McCarthy ; ou des attaques de Trofim Denissovitch Lyssenko contre la génétique, « science bourgeoise », et contre le grand Nikolaï Ivanovitch Vavilov [5]. Toutefois, l'ambition des militants n'est pas d'imposer une « écoscience » mais, plus prosaïquement, de faire taire les promoteurs de la science et de son utilisation dans le progrès humain.

 

L'opposition aux OGM – largement financée par une partie du monde du « bio » – a une ressource, détournée de son but premier : les législations de la Fédération et des États qui permettent aux citoyens d'accéder aux documents officiels et, ce qui nous intéresse dans le cas présent, la correspondance des agents du service public, ici, des chercheurs et enseignants des universités d'État.

 

Source : http://www.geneticliteracyproject.org/2015/03/26/kevin-folta-interview-yes-im-a-shill-not-for-big-but-for-science/

« Je suis un porte-parole des OGM et tout ce que j'ai eu, c'est ce T-shirt minable. »

 

Une entité – financée par... – a lancé des demandes portant sur plus de 40 enseignants et chercheurs qui déploient des activités de vulgarisation sur les biotechnologies (notamment M. Kevin Folta), qui ont produit des travaux et émis des opinions qui déplaisent à la mouvance (par exemple Mme Michelle (Shelley) McGuire, ou qui... ne savent pas trop pourquoi ils ont été ciblés. Cette entité, c'est le US Right to Know (USRTK) qui fait campagne pour l'étiquetage obligatoire des OGM [6].

Shelley McGuireUne entité – financée par... – a lancé des demandes portant sur plus de 40 enseignants et chercheurs qui déploient des activités de vulgarisation sur les biotechnologies (notamment M. Kevin Folta), qui ont produit des travaux et émis des opinions qui déplaisent à la mouvance (par exemple Mme Michelle (Shelley) McGuire, ou qui... ne savent pas trop pourquoi ils ont été ciblés. Cette entité, c'est le US Right to Know (USRTK) qui fait campagne pour l'étiquetage obligatoire des OGM [6].

La stratégie globale est d'un machiavélisme enfantin : en imposant la stigmatisation des produits alimentaires contenant des OGM ou issus d'OGM, ils espèrent détourner les consommateurs vers les produits « bio ». L'objectif est du reste proclamé avec une incroyable candeur.

Alison Van Eenennaam

Le Torquemada de la nouvelle Inquisition est M. Gary Ruskin. M. Ruskin avait été le directeur de campagne de California Right to Know (Proposition 37), le principal mouvement en faveur d'un étiquetage obligatoire des OGM en Californie, et s'est donc recyclé dans l'USRTK.

La stratégie est triple. À court terme, les cibles – et les juristes de leurs institutions – perdent un temps considérable à rechercher et trier les courriels. À plus long terme, qui se lancera dans des activités de vulgarisation et de communication ? Quelle université d'État verra d'un bon œil ces activités susceptibles de créer de gros ennuis ?

Même les recherches sont désormais susceptibles d'attirer les foudres de la mouvance. Le « crime » de Mme McGuire ? Avoir produit une étude qui contredisait les extravagantes affirmations de MomsAcrossAmerica sur la présence de glyphosate dans le lait maternel ; MAA, une autre vitrine financée par l'industrie du « bio » [7].

 

À court terme, c'est surtout un chalutage susceptible de faire remonter des informations pouvant être utilisées pour compromettre les cibles. M. Folta a toujours affirmé ne pas avoir reçu de fonds de Monsanto pour ses recherches. Mais il a reçu près de 25.000 dollars pour des activités de vulgarisation, notamment pour payer ses frais de déplacement pour ses conférences... donc M. Folta est la « prostituée universitaire de Monsanto » [8], foi de NaturalNews.

 

Source :http://www.insufferableintolerance.com/irony-thy-name-is-big-organic-shills/

À gauche : Gary Ruskin, co-directeur, US Right to Know.  A accepté $ 114.500 de l'Organic Consumers Association, une entité se consacrant à l'augmentation de la part de marché des produits biologiques en diabolisant les biotechnologies.  A utilisé des demandes FOIA (liberté d'information) pour faire taire des professeurs essayant d'informer le public sur les biotechnologies.

À droite : Kevin Folta, professeur et président, Département des sciences horticoles de l'Université de Floride.  A accepté $ 25.000 de Monsanto comme contribution aux frais de voyage et à un programme de vulgarisation sur les biotechnologies.  Il se dit qu'il a acheté de la marque Subway.

 

Mais aussi « meurtres » et appel au meurtre

 

Comment faut-il appeler ce genre de propos, qui est loin d'être isolé ? Nous oserons l'« assassinat médiatique ». Académique et scientifique aussi. Quel étudiant sera prêt à s'engager auprès de ces scientifiques pour une thèse de doctorat ?

 

Mais cela ne s'arrête pas là.

 

Le fondateur et éditeur de NaturalNews est M. Mike Adams, alias Health Ranger, qui n'a pas hésité, en juillet 2014, à suggérer que les activistes anti-OGM devraient envisager d'assassiner les chercheurs et journalistes de l'autre bord [9]. Il y avait, certes, un bémol dans le texte, mais que valait cet alibi, cette clause de style face au titre : « Biotech genocide, Monsanto collaborators and the Nazi legacy of 'science' as justification for murder » (génocide biotechnologique, collaborateurs de Monsanto et héritage nazi de la 'science' comme justifications pour le meurtre) ?

 

Source : http://scienceblogs.com/insolence/2015/04/24/americas-quack-counterattacks-by-calling-his-critics-industry-hacks/

« Nous ne serons jamais réduits au silence par les faits ou les experts »... Le personnage est le Dr Oz, connu comme télémédecin.  Adepte des médecines alternatives, il a été critiqué par des médecins, des agents gouvernementaux et des publications pour donner des conseils non scientifiques.

 
 

 

L'écodéesse vénérée par la bobosphère – prétendument physicienne nucléaire, scientifique dévouée, et prodige de la science quand elle fut enfant [10] – avait cru bon de reproduire le torchon de M. Adams sur SeedFreedom. Mme Vandana Shiva l'a piteusement retiré, mais il reste des traces [9].

 

À gauche : Mme Vandana Shiva. Se fait $ 40.000-$ 50.000 par conférence, plus billet aller-retour de New Delhi. Promeut l'agenda anti-science qui profite aux groupes pro-bio qui la paient pour ses apparitions.

 

À droite : M. Kevin Folta. Ses frais de voyage sont payés, tout comme les sandwichs pour les étudiants ; ne se fait pas payer. Traite du consensus massif sur les biotechnologies afin d'aider les futurs scientifiques à le relayer de manière adéquate à leurs collègues et au public.

 

 

On ne peut pas quitter ce sujet sans évoquer aussi les ignobles insinuations de la grande-prêtresse de MomsAcrossAmerica, Mme Zen Honeycutt, à l'encontre de Mme McGuire, accusée d'être une mauvaise mère [11]. C'est peut-être anecdotique face à un dérapage (un de plus...) de M. Adams qui a pris une dimension internationale avec Mme Shiva ; cela n'en reste pas moins extraordinairement blessant et illustre le fait que ces gens sont prêts à toutes les infamies..

 

L'Europe, du reste, n'est pas épargnée par la violence envers les personnes [12] [13].

 

 

Quand le CRIIGEN informe...

 

Le registre du dénigrement n'est pas vide en France.

 

Comme nous l'avons relaté [1], la revue Nature [14] a publié un article de M. Keith Kloor, lequel a été « traduit » avec quelques « libertés » manifestement destinées à faire coller l'histoire à une idéologie.

 

C'est peut-être bien parce que nous l'avons relaté qu'une entité dont l'acronyme comporte un « I » désignant l'information, et un deuxième, l'indépendance, a pu prendre connaissance de cette « traduction », et par conséquent aussi de ses déficiences...

 

...Le CRIIGEN a fait un renvoi à cette traduction [15]. Entérinant ainsi, en quelque sorte, en toute indépendance, les divagations de la plagiaire.

 

Horreur et damnation ! Ou, plutôt, quel bonheur ! M. Folta s'est fait défrayer pour ses conférences !

 

C'est pour le moins plaisant : la référence apparaît, à l'heure où nous écrivons, sur un bandeau défilant qui comprend, entre autres nouvelles, des annonces de conférences, notamment sur « la malhonnêteté de l’évaluation des produits chimiques dans nos assiettes[et] les possibilités de développer une cuisine festive, naturelle et biologique, haute en saveurs »...

 

« ...cuisine [...] biologique... » 

 

 

Quand le Monde informe...

 

Source : New York Times

 

Il y a donc de l'agitation aux États-Unis d'Amérique et une tentative d'instrumentalisation en France. Le Monde a fourni un aperçu de cette agitation sous la plume de M. Stéphane Foucart [16].

 

Celui-ci a fort opportunément pu s'appuyer sur un article style pâté d'alouette du New York Times, « Food Industry Enlisted Academics in G.M.O. Lobbying War, Emails Show » (des courriels montrent que l'industrie agroalimentaire engage des universitaires dans le lobbying relatif aux OGM), daté du 5 septembre 2015 [17].

 

 

 

Abondance relative de matériau, mais aussi parti pr

is, obligent, c'est un cheval – les liens entre scientifiques, notamment MM. Folta et Chassy, et industrie « conventionnelle » – une alouette, certes dodue – les liens entre M. Charles Benbrook et le monde de l'agroalimentaire « biologique ». Parti pris ? Nous partageons l'avis que le New York Times a contribué au mccarthysme à l'encontre, notamment, de M. Kevin Folta [18]. Il suffit de lire l'article avec un œil un peu critique pour s'en rendre compte. M. Benbrook ? C'est un peu l'alibi pour donner un semblant d'impartialité à beaucoup de ragots et de commérages.

 

Comme on peut s'en douter, dans le Monde, l'alouette a bien maigri... un paragraphe sur M. Benbrook.

 

Dommage !

 

 

L'asymétrie des messages et en conséquence des besoins financiers

 

M. Foucart note cependant que :

 

« Reste que USRTK n’a pas procédé à des requêtes de documents ciblant l’industrie de l’agriculture biologique. Et pour cause : celle-ci est le principal financeur de l’association. Le New York Times a donc formulé des requêtes complémentaires auprès de plusieurs universités, cherchant cette fois des liens entre leurs chercheurs et des sociétés misant sur l’agriculture biologique. De tels liens existent même si, note le quotidien américain, "les dépenses en lobbying et en relations publiques de l’agriculture biologique ne représentent qu’une petite fraction de celles des sociétés de biotechnologies". »

 

C'est normal pour les dépenses : elles reflètent l'asymétrie de l'« information ». Les MomsAcrossAmérica peuvent « balancer » une « information » ultra-alarmiste sur la présence de glyphosate dans le lait maternel, relayée par des « réseaux sociaux » et des médias déraisonnables... la réponse doit expliquer pourquoi il n'y a pas lieu de s'alarmer et passer par des canaux qui ne sont pas tous gratuits.

 

 

Quant aux relations entre chercheurs et industrie du « bio », il aurait été utile de creuser un peu plus, sans se limiter à un exercice convenu, à extraire quelques éléments du New York Times en les minimisant.

 

 

Contacts étroits ou montage scientifico-politico-médiatique ?

 

Comment s'est fait l'extraction ?

 

« L’agronome Charles Benbrook, alors à l’université de l’Etat de Washington, était ainsi en contact étroit avec Stonyfield Farm, Whole Foods, Organic Valley et United Natural Foods. Sa correspondance avec ces sociétés montre l’intérêt de celles-ci à faire mettre en exergue, par un universitaire, les bénéfices de l’agriculture biologique mais également les risques associés aux OGM. »

 

C'est très charitable !

 

M. Benbrook a été « chercheur principal » de 2006 à 2012, pour The Organic Center, une entité grandement financée par le secteur du « bio » [19]. Il a quitté cette entité pour rejoindre l'Université de l'État de Washington en août 2012 pour y diriger un programme, « Measure to Manage (M2M): Farm and Food Diagnostics for Sustainability and Health (M2M) » (mesurer pour gérer : diagnostics agricoles et alimentaires pour la durabilité et la santé), dans le cadre du Center for Sustainable Agriculture and Natural Resources (Centre pour l'agriculture durable et les ressources naturelles). Programme financé par... United Natural Foods, Whole Foods, Organic Valley/CROPP et Stonyfield [20]. Et il a quitté le TOC... en restant consultant [19].

 

 

Alors... «  L’agronome Charles Benbrook, alors à l’université de l’Etat de Washington, était ainsi en contact étroit avec... » ? Superbe euphémisme qui occulte le fait que l'industrie du « bio » a financé un programme – intégralement comme on l'a appris récemment – et a mis à sa tête M. Benbrook... lequel s'est vu conférer un titre de « professeur-chercheur » manifestement de complaisance...

 

Le New York Times le laisse pourtant entendre assez clairement :

 

« Comme les entreprises biotech, les dirigeants de l'industrie du bio ont pensé qu'ils pouvaient avoir plus d'influence en faisant passer leur message par des universitaires.

 

« "Je suis un gars du business, et non un scientifique", a dit Gary Hirschberg, le chairman et ancien président de Stonyfield Farm [21], qui produit du yaourt bio, qui dirige un programme de lobbying industriel intitulé 'Just Label It[étiquetez, tout simplement]. "Donc, évidemment, cela va mieux quand c'est un chercheur universitaire qui l'explique."

 

« C'est, a-t-il dit, la raison pour laquelle M. Benbrook, qui a été le chercheur principal de l'Organic Center, un groupe financé par l'industrie alimentaire bio, a démissionné de son poste pour une nomination à un poste universitaire.

 

« "Je travaillais pour une organisation affiliée à l'industrie et financée par elle, et les gens n'écoutaient tout simplement pas", a-t-il dit. »

 

Le New York Times a aussi mis la correspondance de M. Benbrook en ligne (nous n'en donnerons pas le lien car c'est aussi, à notre sens, une forme de mccarthysme indigne de ce grand journal). Elle démontre la manœuvre. M. Benbrook a poursuivi avec zèle ses activités au service de sa clientèle du secteur « bio » en se prévalant de sa position universitaire. Curieusement, personne ne s'est inquiété de la déontologie de la WSU.

 

 

Payé pour faire du lobbying

 

Tout est dit, ou presque, sur l'information selon le Monde. Non, pas encore...

 

« M. Benbrook a ainsi plaidé, devant des régulateurs mais aussi dans la presse scientifique, pour l’étiquetage des OGM dans l’alimentation mais aussi contre l’autorisation des nouvelles variétés de cultures transgéniques tolérantes à des herbicides. »

 

Le New York Times est bien plus précis : Stonyfield a payé au moins deux fois pour le lobbying. Du reste, M. Benbrook avait aussi maintenu ses activités de consultant dans le cadre de son entreprise, Benbrook Consultant Services (BCS) [19]Et ce que M. Benbrook a plaidé dans la presse scientifique est un élément clé du discours des promoteurs du « bio », lequel discours repose essentiellement sur le dénigrement du « conventionnel ».

 

En fait, M. Benbrook n'a pas que « plaidé [..] dans la presse scientifique ». Il suffisait de lire son CV ! Et une simple recherche aurait permis de savoir qu'il a aussi travaillé pour Greenpeace et qu'il a participé à des tournées de conférences anti-OGM et anti-pesticides [22].

 

Source : http://www.greenpeace.org/luxembourg/fr/news/OGM-resistants-aux-pesticides--Desastre-dans-les-champs/

M. Benbrook est tout à droite.

 

 

Des libertés avec le CV et les conflits d'intérêts

 

Mais le Monde termine tout de même par une information qui n'est pas reprise du New York Times :

 

« Dans une tribune publiée en août par le New England Journal of Medicine, il a omis de mentionner ses liens avec les industriels de l’agriculture biologique et a corrigé ultérieurement sa déclaration d’intérêts. »

 

La « tribune » (dans une revue scientifique...), c'est « GMOs, Herbicides, and Public Health » (OGM, herbicides et santé publique), mis en ligne le 20 août 2015 [23].

 

Sauf que c'est encore une fois un peu court. La correction ultérieure est loin d'être satisfaisante et a été vigoureusement dénoncée [18] [24]. Il y a des problèmes élémentaires. À en croire une note un peu cryptique à la fin de l'article dans le NEJM et la référence dans NCBI [25], M. Benbrook revendique une affiliation à la WSU. Or il ne l'avait plus à la date de publication, ni à la date à laquelle il avait produit sa déclaration sur ses intérêts.

 

Des gens qui prennent des libertés avec leur curriculum vitae et leurs liens d'intérêts... Là encore, le journal – qui se targue d'une politique stricte en matière de conflits d'intérêts – s'est contenté d'une « correction » qui n'en est pas une (en ignorant du reste les critiques formulées à l'encontre du deuxième auteur, M. Philip J. Landrigan).

 

 

Des gens qui prennent des libertés...

 

La WSU a référencé quatre publications de M. Benbrook sur son site [26]. Dans deux, il déclare une absence de conflits d'intérêts. Dans une troisième il annonce un appui du programme M2M, mais sans préciser ses sources de financement ; ce programme sert donc de paravent, d'écran. Rien dans la quatrième.

 

Mais il y a pire : M. Benbrook a déposé devant le Tribunal fédéral de l'État du Vermont dans l'affaire qui oppose certaines organisations professionnelles aux autorités du Vermont à propos de l'étiquetage des OGM, le 14 novembre 2014 [27]. Il a joint à sa déclaration un CV qui fournit une longue liste de ses publications. Tout semble y être sauf (là, on entre dans le domaine de la certitude)... le document «Glyphosate Tolerant Crops in the EU – A Forecast of Impacts on Herbicide Use », d'octobre 2012, établi pour Greenpeace [28].

 

Étonnant, non ? Un document majeur destiné à influencer la politique européenne en matière d'OGM... un document prélude à une virée de 18 jours en Europe, « facilitée » par Greenpeace, avec MM. Wes Shoemyer and Wendel Lutz [22] [29] ? Franchement, ça ne s'oublie pas, surtout pas pour un personnage qui doit régulièrement faire la preuve de son influence.

 

À notre sens, cela relève de 18 U.S. Code § 1623 - False declarations before grand jury or court.

 

Des fausses déclarations devant une Cour ? Nous avons déjà vu par ailleurs...

 

 

Ouste !

 

M. Benbrook a été « débarqué » de l'Université de Washington. Il y a lieu de croire que ce fut sans ménagement [18]. Chose extraordinaire, le site du programme M2M a été vidé.

 

M. Benbrook ira-t-il encore en guerre contre les pesticides et les OGM ? Peut-être. En tout cas, ce sera avec une crédibilité très fortement érodée.

 

Malheureusement, le monde alter et anti continuera encore longtemps à se référer à un personnage discrédité et à ses productions qui, si elles étaient contestées par le passé sur le fond, sont maintenant aussi discréditées par la mise à jour d'un mercenariat peu reluisant.

 

Et M. Benbrook n'est que la pointe émergée d'un sérieux problème.

___________________

 

[1] http://seppi.over-blog.com/2015/08/strategies-d-intimidation-et-de-diffamation-des-anti-ogm.html

 

[2] Voir, sur http://imposteurs.over-blog.com, la série d'articles « Séralini c. Fellous : la science politisée, la justice instrumentalisée, les masques tombent ! ».

 

[3] http://www.forbes.com/sites/henrymiller/2012/09/25/scientists-smell-a-rat-in-fraudulent-genetic-engineering-study/

http://www.marianne.net/OGM-Lepage-et-Seralini-veulent-faire-taire-Marianne_a225814.html

http://imposteurs.over-blog.com/article-etude-du-criigen-sur-le-mais-nk-603-de-la-manipulation-mediatique-a-l-intimidation-judiciaire-114504413.html

 

[4] Voir en particulier :

http://risk-monger.blogactiv.eu/2014/12/02/iucn%E2%80%99s-anti-neonic-pesticide-task-force-an-expose-into-activist-science/

http://www.forumphyto.fr/2014/12/17/la-task-force-de-luicn-fait-elle-ou-non-de-la-science-militante-note-a-lattention-des-lecteurs-de-forumphyto/

Plus généralement :

http://agriculture-environnement.fr/a-la-une/article/la-gue%CC%81rilla-judiciaire-du-lobby-vert

 

[5] On peut lire ou relire :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1216

 

[6] http://usrtk.org/

L'USRTK a cité comme donateur principal la Organic Consumers Association

 

[7] http://www.geneticliteracyproject.org/2015/07/24/new-study-eviscerates-moms-across-america-claim-glyphosate-present-in-mothers-breastmilk/

Bien entendu, MomsAcrossAmerica recommande aux mères de manger le plus possible « bio » :

http://www.momsacrossamerica.com/more_roundup_found_in_usa_moms_breast_milk

Pour une source de financement de MAA :

http://finance.yahoo.com/news/green-polkadot-box-signs-moms-185700901.html

 

[8] http://www.naturalnews.com/051113_Kevin_Folta_Monsanto_mafia_University_of_Florida.html

 

[9] http://www.geneticliteracyproject.org/2014/07/28/fbi-turns-up-heat-on-mike-adams-as-health-ranger-fiasco-widens-plus-adams-archive/

On peut trouver cet étron ici :

http://www.thetreeofliberty.com/vb/showthread.php?202889-Biotech-Genocide-Monsanto-Collaborators-and-the-Nazi-Legacy-of-quot-Science-quot-as-Justific

 

[10] https://www.kickstarter.com/projects/1914408889/the-seeds-of-vandana-shiva

Il faut bien le proclamer à la face du monde ! Mme Vandana Shiva veut se faire embaumer de son vivant grâce au crowdfunding.

 

[11] http://www.geneticliteracyproject.org/2015/09/10/anti-gmo-activists-use-foia-to-bully-mother-scientist-nutrition-and-lactation-expert/

 

[12] http://www.marcel-kuntz-ogm.fr/article-vandalisme-labo-public-52897421.html

 

[13] http://www.20min.ch/ro/news/suisse/story/19762915

 

[14] http://www.nature.com/news/gm-crop-opponents-expand-probe-into-ties-between-scientists-and-industry-1.18146?WT.mc_id=TWT_NatureNews

 

[15] http://www.criigen.org/actualite/68/display/OGM-Enquete-sur-les-liens-douteux-entre-les-scientifiques-et-Monsanto

 

[16] http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/09/08/aux-etats-unis-guerre-d-influence-sur-les-ogm_4749054_3244.html

 

[17] http://www.nytimes.com/2015/09/06/us/food-industry-enlisted-academics-in-gmo-lobbying-war-emails-show.html?_r=0

 

[18] https://scientistscitizens.wordpress.com/2015/09/10/new-york-times-your-reporting-fed-mccarthyite-attacks-on-kevin-folta/

 

[19]  Pour un CV détaillé :

http://www.geneticliteracyproject.org/glp-facts/charles-benbrook-severed-former-wash-state-organic-consultant-misrepresents-conflicts/#toc_the-organic-center-toc

De la main de l'intéressé :

https://web.archive.org/web/20140413125552/http://csanr.wsu.edu/pdfs/P2572.pdf

Ce CV est postérieur à sa nomination à la WSU.

 

[20] Curieusement – enfin... – les pages web du M2M ont été supprimée. Mais la page a été copiée dans le document du lien précédent.

 

[21] Stonyfield est une filiale du groupe... Danone.

 

[22] http://www.greenpeace.org/international/Global/international/publications/agriculture/2012/438-Benbrook-Report-Summary.pdf

http://gmopundit.blogspot.fr/2005/11/advice-to-zambia-from-charles-benbrook.html

http://occupy-monsanto.com/tag/charles-benbrook/

 

[23] http://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMp1505660#t=article

Les déclarations sont ici :

http://www.nejm.org/doi/suppl/10.1056/NEJMp1505660/suppl_file/nejmp1505660_disclosures.pdf

 

[24] http://www.breitbart.com/big-government/2015/08/28/milloy-another-green-conflict-of-interest-bust/

http://gmopundit.blogspot.fr/2015/08/conflicts-of-interest-denouement-at-new.html

 

[25] http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/26287848

 

[26] http://csanr.wsu.edu/publication-authors/benbrook/

http://www.mdpi.com/2071-1050/6/6/3552/htm

http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0082429

http://www.enveurope.com/content/24/1/24

http://www.tfrec.wsu.edu/pdfs/P2566.pdf

 

[27]  http://ago.vermont.gov/assets/files/Consumer/GE_Food/63-3%20Exh%20C%20Benbrook%20Declaration.pdf

 

[28] http://www.greenpeace.org/international/Global/international/publications/agriculture/2012/GI_Herb_Use_FINAL_10-18-12.pdf

 

[29] http://seppi.over-blog.com/2015/06/greenpeace-s-etait-paye-le-lutz-de-l-enfumage.html

L'écodéesse vénérée par la bobosphère – prétendument physicienne nucléaire, scientifique dévouée, et prodige de la science quand elle fut enfant [10] – avait cru bon de reproduire le torchon de M. Adams sur SeedFreedom. Elle l'a piteusement retiré, mais il reste des traces [9].

 

On ne peut pas quitter ce sujet sans évoquer aussi les ignobles insinuations de la grande-prêtresse de MomsAcrossAmerica, Mme Zen Honeycutt, à l'encontre de Mme McGuire, accusée d'être une mauvaise mère [11]. C'est peut-être anecdotique face à un dérapage (un de plus...) de M. Adams qui a pris une dimension internationale avec Mme Shiva ; cela n'en reste pas moins extraordinairement blessant et illustre le fait que ces gens sont prêts à toutes les infamies..

 

L'Europe, du reste, n'est pas épargnée par la violence envers les personnes [12] [13].

 

 

 

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M
Hello,<br /> <br /> juste pour préciser : "a Subway sandwich" c'est un sandwich de marque Subway (et pas qui se vend dans le métro ^^) et le "personnage non identifié c'est le Dr Oz, un chirurgien adepte de médecines bizarres et qui a sa propre émission de télé (en France on peut le comparer au Pr Joyeux par exemple).
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S
Un grand merci.<br /> <br /> Je corrige.