Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Électrosensibilité : superbe opération de comm'

31 Août 2015 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information

Électrosensibilité : superbe opération de comm'

 

Et toujours l'AFP... irresponsable et indécente

 

 

C'est la fin du mois d'août... les salles de rédaction sont clairsemées, l'actualité n'est pas très fournie, l'activité intellectuelle connaît sa diapause estivale. C'est le moment que « choisit » l'Agence France Presse (AFP) pour diffuser une dépêche manifestement prémachée par l'Association Robin des Toits.

 

 

Le grand art de Robin des Toits

 

 

Que dit l'Association ? En titre de son communiqué [1] :

 

« La Justice fait droit à une personne Electro-HyperSensible et reconnaît son handicap »

 

C'est très malin : on qualifie la personne sans prétendre que la justice l'a ainsi qualifiée (ou reconnue).

 

Dans le texte :

 

« Le jugement fait état du "Syndrome d'hyper sensibilité aux ondes électromagnétiques" précisant que "la description des signes cliniques est irréfutable".

 

« La déficience fonctionnelle de [Mme X.] est évaluée à 85%.

 

« Une allocation pour adulte handicapé lui est donc attribuée par décision de justice pour trois ans renouvelables en fonction de l'évolution de son handicap. »

 

C'est encore très malin : « Le jugement fait état... » est une formulation très vague. L'obsédé textuel, surtout doté d'esprit critique et muni d'un bagage juridique, comprend vite qu'on n'a pas pu écrire, par exemple : « Les juges ont déclaré... ».

 

Tout bon communiqué de presse se termine par une déclaration. Donc :

 

« Selon Etienne Cendrier porte-parole de Robin des Toits: "Il s'agit d'un grand pas en avant pour la reconnaissance de ce Syndrome d’Électro-hypersensibilité; la Justice - comme souvent - est en avance sur les politiques.»

 

Là encore : « ...un grand pas en avant... » ne signifie pas que la justice a reconnu le syndrome.

 

 

L'irresponsabilité de l'AFP

 

À en croire le site Romandie.com, l'AFP n'a pas hésité à annoncer que [2] :

 

« France: la justice reconnaît le handicap dû à l'électrosensibilité ».

 

Et :

 

« La justice française a reconnu pour la première fois l'existence d'un handicap grave dû à l'hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. Il s'agit d'un dossier sensible dans un environnement où téléphones mobiles et wifi sont omniprésents. »

 

C'est matériellement faux, comme nous le verrons plus loin, mais c'est aussi extravagant.

 

Une décision de justice... ce n'est pas « la justice ».

 

En l'occurrence, il s'agit d'une décision du Tribunal du contentieux de l'incapacité de Toulouse, soit une juridiction (paritaire) du premier degré. On en trouvera le texte par exemple ici [3]. Elle aura peut-être l'autorité de la res judicata, si elle ne fait pas l'objet d'un appel, entre les parties. Elle ne fait en aucun cas jurisprudence, au sens ordinaire de référence pour la solution d'un point de droit.

 

Cela n'a pas empêché le rédacteur d'évoquer en intertitre une « [p]ossible jurisprudence », donnant la parole à l'avocate de la plaignante qui

 

« a affirmé que ce jugement pourrait faire jurisprudence, car "des milliers de personnes" sont concernées, mais n'ont pas saisi les tribunaux jusqu'à aujourd'hui. »

 

La bavarde a fait son boulot – qui est aussi de célébrer sa propre victoire en la magnifiant – mais pas le rédacteur. Il reproduit certes des propos, mais est-ce de la bonne information que de refléter des propos stupides et stupéfiants : la jurisprudence ne dépend pas du nombre de cas, mais de la solidité juridique de la solution (en grande partie liée au degré de juridiction en cause).

 

Le rédacteur a eu copie du jugement, selon ses propres dires. Manifestement, il ne l'a pas lu.

 

En particulier, le jugement a été rendu le 8 juillet 2015 par mise à disposition au secrétariat du Tribunal. Sa communication à l'AFP par Robin des Toits et sa médiatisation ont donc pris quelque... huit semaines. Pour un cas présenté comme une remarquable avancée, suivi par l'association avec la plus grande attention ? Pour un cas impliquant une personne qui jouit d'une certaine aura médiatique et qui milite activement pour la reconnaissance de l'électrosensibilité ? Le rédacteur n'a-t-il pas remarqué qu'il était instrumentalisé pour une opération de manipulation dont le caractère se reconnaît immédiatement au temps mis pour la lancer ?

 

 

Un syndrome reconnu par la médecine, mais...

 

Les médias se sont évidemment précipités, avec plus ou moins de prudence. Plutôt moins que plus...

 

Parmi nos cibles habituelles, le Monde (avec, bien sûr, AFP) titre [4] :

 

« Première reconnaissance d’un handicap dû à l’électrosensibilité en France. »

 

Brodant sur la dépèche de l'AFP, il écrit :

 

« Un récent jugement du tribunal du contentieux de l’incapacité de Toulouse reconnaît ainsi, après expertise médicale, que la plaignante, [Mme X.], souffre du syndrome d’hypersensibilité aux ondes électromagnétiques, dont "la description des signes cliniques est irréfutable". »

 

Il ajoute, recopiant en partie la rhétorique des tenants de l'électrosensibilité :

 

« L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a reconnu en 2005 que l’électrosensibilité était "caractérisée par divers symptômes non spécifiques qui diffèrent d’un individu à l’autre" mais qui "ont une réalité certaine et peuvent être de gravité très variable". Il n’existe cependant ni critères diagnostiques clairs pour ce problème sanitaire, ni base scientifique permettant de relier les symptômes à une exposition aux champs électromagnétiques, ajoutaient les auteurs de l’étude de l’OMS. »

 

Une information sérieuse aurait cité d'autres éléments de la page de l'OMS [5] :

 

« On a réalisé un certain nombre d'études dans lesquelles on exposait des individus présentant une HSEM [hypersensibilité électromagnétique] à des CEM [champs électromagnétiques] similaires à ceux auxquels ils attribuaient leurs symptômes. L'objectif de ces études était de provoquer l'apparition de ces symptômes en conditions de laboratoire contrôlées.

 

« La majorité de ces études indique que les individus se plaignant de HSEM sont incapables de détecter plus précisément une exposition à des CEM que des individus ordinaires. Des études bien contrôlées et menées en double aveugle ont montré que ces symptômes n'étaient pas corrélés avec l'exposition aux CEM.

 

[...]

 

« Il existe aussi certains éléments indiquant que ces symptômes peuvent être dus à des maladies psychiatriques préexistantes, ainsi qu'à des réactions de stress résultant de la crainte inspirée par les éventuels effets sur la santé des CEM, plutôt que de l'exposition aux CEM elle-même. »

 

Au moins, le Monde a-t-il fait référence à l'absence de base scientifique d'une quelconque relation de cause à effet... démolissant ainsi son titre ; à condition d'admettre que l'auteur admette la compétence et l'autorité des experts de l'OMS... ce qui reste à voir (les experts n'ont-ils pas le défaut rédhibitoire d'être... experts ?).

 

Le syndrome est donc reconnu, mais on est très loin de la relation de cause à effet et de la mise en cause des ondes.

 

 

Un jugement « étonnant » (guillemets d'euphémisme)

 

Qu'en est-il du jugement [3] ?

 

On peut s'étonner (c'est un autre euphémisme...) du caractère lacunaire du jugement. Ainsi, il n'y a aucune description des arguments des parties. On sait seulement qu’il y a eu débats.

 

Le Tribunal était confronté à une question simple : Mme X souffre-t-elle d'une incapacité supérieure à 50 %, auquel cas elle a droit, mécaniquement, à une allocation pour adulte handicapé, une « prestation de compensation de handicap » ? Ajoutons avec un brin de malice que les montants en litige étaient faibles, sans nul doute inférieurs au coût d'une procédure en appel.

 

Le tribunal (paritaire) semble avoir pris l’« expertise » du médecin à sa valeur faciale et sauté à la conclusion juridique.

 

 

Une expertise tout aussi « étonnante » (bis)

 

L'expertise du médecin commis à cette tâche est reproduite en intégralité dans le jugement. Elle commence par un « Le diagnostic » dont on doit se demander s'il fait vraiment partie du diagnostic du cas de Mme X ou s’il s’agit de la régurgitation d’une opinion sur l’électrosensibilité :

 

« Le diagnostic :

Syndrome d'hypersensibilité aux ondes électromagnétiques. S'il ne fait pas partie de données acquises, avérées, de notre système de santé français il est reconnu par d'autres pays.

La description des signes cliniques est irréfutable.

La symptomatologie disparait dès que les causes sont éliminées ; mais cette élimination impose un mode de vie et des sacrifices qui ne permettent pas la moindre suspicion de simulation.

En milieu protégé (sans ondes), l'handicap est nul, en milieu hostile, il peut atteindre 100 %. »

 

L'expert n'en dit pas plus. Il ressort de ses déclarations ultérieures que, s'il y a eu diagnostic, il a reposé exclusivement sur les déclarations de la plaignante.

 

Il passe donc directement à l'évaluation du handicap. Sans entrer dans le détail (quoique cela serait aussi intéressant), il dit : 85 % ; trois ans renouvelables ; attribution de la prestation au titre de l'aide technique et de l'aménagement du logement.

 

Le Tribunal acquiesce.

Électrosensibilité : superbe opération de comm'
Pour une fois, Sciences&Avenir...enfin pas vraiment...

S&A a fait comme d'autres dans un premier temps : se précipiter sur l'« information » sans esprit critique [7].

Puis il a interrogé le médecin expert, qui a répondu avec une grande franchise [3]. Nous citerons deux extraits :

« En tant qu'expert, j'ai cherché à être objectif, réaliste et humaniste. »

Il y a là des objectifs louables, mais peut-être difficilement conciliables. Et :

« J'ai bien conscience qu'il n'y a pas de consensus scientifique sur la question. Ma position, ça a été de ne pas trancher, ni dans un sens ni dans l'autre. Car à l'heure actuelle, il n'y a pas de données acquises, avérées. Mais le handicap dont souffre [Mme X.] ne peut pas être nié. Et quand bien même il serait psychiatrique - ce que je ne crois pas - il s'agit toujours d'un handicap qui, de fait, mérite d'être pris en charge. [...] »

 

On est là dans le cadre de ce qu'a écrit l'OMS en décembre 2005 : considérer la pathologie. Le jugement, aussi critiquable soit-il en la forme, n'est pas déraisonnable quant au fond, même si on peut penser qu'une expertise plus poussée aurait pu se justifier.

 

Mais il est difficile pour S&A d'admettre qu'ils ont manqué de prudence et se sont laisser abuser – comme bien d'autres qui, eux, ont la très faible excuse de ne pas être des médias de vulgarisation scientifique. Nous avons donc droit à une énormité, en introduction à l'interview du médecin expert [3] :

 

« La décision du TCI pourrait ainsi faire date, puisque, scientifiquement, il n'existe toujours aucun consensus sur la réalité d'une condition médicale induite par les champs magnétiques. »

 

Non : un arrêt ne saurait « faire date », lire « jurisprudence », sur un point de fait et de science. Et il y a consensus, dans le sens d'opinion très largement majoritaire, lequel est reflété par le texte que l'OMS n'a pas trouvé nécessaire de modifier en maintenant dix ans [5] :

 

« La majorité de ces études indique que les individus se plaignant de HSEM sont incapables de détecter plus précisément une exposition à des CEM que des individus ordinaires. Des études bien contrôlées et menées en double aveugle ont montré que ces symptômes n'étaient pas corrélés avec l'exposition aux CEM. »

 

On aurait pu attribuer un petit satisfecit et les encouragements à S&A, mais il a fallu qu'il rajoute une couche – osons l'expression – de mauvaise foi. « Électrosensibilité : que dit la science ? » aurait dû faire parler la science [8]...

 

« Une décision qui pourrait faire jurisprudence et ravive le débat scientifique autour de la question : les symptômes dont souffrent les hyper électrosensibles autodéclarés sont-ils véritablement dus aux champs magnétiques quasi omniprésents aujourd'hui ? La réponse est loin de faire consensus. »

 

Pourquoi ? Parce que S&A donne longuement la parole à Robin des Toits et à M Dominique Belpomme, tout en massant le texte de l'OMS pour suggérer l'existence d'un lien entre ondes et syndrome.

 

Il la donne même à des personnes se déclarant atteintes d'électro-hypersensibilité, toutes ayant consulté... M. Dominique Belpomme [9].

 

Un Belpomme qui, pour accréditer ses théories, n'hésite pas un amalgame scandaleux [10] :

 

« Pasteur aussi était regardé avec méfiance par ses confrères jusqu'à ce qu'il découvre les microbes ! »

 

Pitié ! Pour le grand Pasteur et pour nous !

 

 

Alors, que choisir ? Que Choisir

 

Dans ce déluge d'indigence et de charlatanerie, il y a une revue qui campe sur ses positions : Que Choisir [11]. Elle a une longue tradition de dénonciation des charlataneries et s'est attiré les foudres des promoteurs d'icelles. Et de rappeler en conclusion :

 

« La réalité de leur souffrance est indéniable et appelle peut-être une prise en charge par l’assurance maladie, mais sur un fondement objectif. Or, tout porte à croire que l’électrosensibilité n’en est pas un. »

 

Nous souscrivons. Mais surtout, la revue nous livre une information : l'assurance maladie a fait appel.

 

Ça n'intéresse visiblement pas les médias qui ont ont vu l'émergence d'une jurisprudence...

 

 

Au fait... même le dictionnaire...

 

Nous avons déjà eu une loi stupide, dite loi Abeille, « relative à la sobriété, à la transparence, à l’information et à la concertation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques » en début d'année [12].

 

En mai, le dictionnaire Larousse annonçait l'entrée d'« électrosensibilité » dans son édition de 2016. Danses de joie...

 

Pour Mme Michèle Rivasi, députée européenne [13] :

 

« ...l’entrée de ce nouveau mot dans le dictionnaire, utilisé depuis des années par des associations et des médecins spécialistes de l’électrosensibilité, est une reconnaissance symbolique mais très importante de l’existence de cette pathologie. »

 

On n'arrête pas le progrès...

 

__________________

 

[1] http://www.robindestoits.org/La-Justice-fait-droit-a-une-personne-Electro-HyperSensible-et-reconnait-son-handicap-Robin-des-Toits-25-08-2015_a2321.html

 

[2] http://www.romandie.com/news/France-la-justice-reconnait-le-handicap-du-a/624276.rom

 

[3] http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150827.OBS4827/electrosensibilite-un-handicap-qui-ne-peut-pas-etre-nie.html

 

[4] http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/08/25/premiere-reconnaissance-en-justice-d-un-handicap-du-a-l-electrosensibilite_4736299_3244.html

 

[5] http://www.who.int/peh-emf/publications/facts/fs296_fr/en/

 

[6] http://www.mda38.fr/download/CNSA_cotation_PCH2011.pdf

 

[7] http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150825.OBS4707/premiere-reconnaissance-en-justice-d-un-handicap-du-a-l-electrosensibilite.html

 

[8]http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150826.OBS4798/electrosensibilite-que-dit-la-science.html

 

[9] http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150827.OBS4838/temoignages-electro-hypersensibilite-qui-sont-ces-malades-des-ondes-electromagnetiques.html

 

[10] http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150826.OBS4741/l-electrosensibilite-reconnu-pour-la-premiere-fois-comme-handicap.html

 

[11] http://www.quechoisir.org/sante-bien-etre/maladie-medecine/actualite-electrosensibilite-reconnue-comme-handicap-l-assurance-maladie-a-deja-fait-appel

 

[12] Pour une critique :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2402

Et pour entrevoir comment l'activisme anti-ondes compte utiliser cette « percée », par exemple :

http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150206.OBS1874/la-loi-sur-les-ondes-electromagnetiques-et-apres.html

 

[13] http://www.michele-rivasi.eu/medias/l%E2%80%99electrosensibilite-fait-son-entree-dans-le-dictionnaire-une-reconnaissance-symbolique-qui-doit-aller-plus-loin/

 

« J'ai bien conscience qu'il n'y a pas de consensus scientifique sur la question. Ma position, ça a été de ne pas trancher, ni dans un sens ni dans l'autre. Car à l'heure actuelle, il n'y a pas de données acquises, avérées. Mais le handicap dont souffre [Mme X.] ne peut pas être nié. Et quand bien même il serait psychiatrique - ce que je ne crois pas - il s'agit toujours d'un handicap qui, de fait, mérite d'être pris en charge. [...] »

 

On est là dans le cadre de ce qu'a écrit l'OMS en décembre 2005 : considérer la pathologie. Le jugement, aussi critiquable soit-il en la forme, n'est pas déraisonnable quant au fond, même si on peut penser qu'une expertise plus poussée aurait pu se justifier.

 

Mais il est difficile pour S&A d'admettre qu'ils ont manqué de prudence et se sont laisser abuser – comme bien d'autres qui, eux, ont la très faible excuse de ne pas être des médias de vulgarisation scientifique. Nous avons donc droit à une énormité, en introduction à l'interview du médecin expert [3] :

 

« La décision du TCI pourrait ainsi faire date, puisque, scientifiquement, il n'existe toujours aucun consensus sur la réalité d'une condition médicale induite par les champs magnétiques. »

 

Non : un arrêt ne saurait « faire date », lire « jurisprudence », sur un point de fait et de science. Et il y a consensus, dans le sens d'opinion très largement majoritaire, lequel est reflété par le texte que l'OMS n'a pas trouvé nécessaire de modifier en maintenant dix ans [5] :

 

« La majorité de ces études indique que les individus se plaignant de HSEM sont incapables de détecter plus précisément une exposition à des CEM que des individus ordinaires. Des études bien contrôlées et menées en double aveugle ont montré que ces symptômes n'étaient pas corrélés avec l'exposition aux CEM. »

 

On aurait pu attribuer un petit satisfecit et les encouragements à S&A, mais il a fallu qu'il rajoute une couche – osons l'expression – de mauvaise foi. « Électrosensibilité : que dit la science ? » aurait dû faire parler la science [8]...

 

« Une décision qui pourrait faire jurisprudence et ravive le débat scientifique autour de la question : les symptômes dont souffrent les hyper électrosensibles autodéclarés sont-ils véritablement dus aux champs magnétiques quasi omniprésents aujourd'hui ? La réponse est loin de faire consensus. »

 

Pourquoi ? Parce que S&A donne longuement la parole à Robin des Toits et à M Dominique Belpomme, tout en massant le texte de l'OMS pour suggérer l'existence d'un lien entre ondes et syndrome.

 

Il la donne même à des personnes se déclarant atteintes d'électro-hypersensibilité, toutes ayant consulté... M. Dominique Belpomme [9].

 

Un Belpomme qui, pour accréditer ses théories, n'hésite pas un amalgame scandaleux [10] :

 

« Pasteur aussi était regardé avec méfiance par ses confrères jusqu'à ce qu'il découvre les microbes ! »

 

Pitié ! Pour le grand Pasteur et pour nous !

 

 

Alors, que choisir ? Que Choisir

 

Dans ce déluge d'indigence et de charlatanerie, il y a une revue qui campe sur ses positions : Que Choisir [11]. Elle a une longue tradition de dénonciation des charlataneries et s'est attiré les foudres des promoteurs d'icelles. Et de rappeler en conclusion :

 

« La réalité de leur souffrance est indéniable et appelle peut-être une prise en charge par l’assurance maladie, mais sur un fondement objectif. Or, tout porte à croire que l’électrosensibilité n’en est pas un. »

 

Nous souscrivons. Mais surtout, la revue nous livre une information : l'assurance maladie a fait appel.

 

Ça n'intéresse visiblement pas les médias qui ont ont vu l'émergence d'une jurisprudence...

 

 

Au fait... même le dictionnaire...

 

Nous avons déjà eu une loi stupide, dite loi Abeille, « relative à la sobriété, à la transparence, à l’information et à la concertation en matière d’exposition aux ondes électromagnétiques » en début d'année [12].

 

En mai, le dictionnaire Larousse annonçait l'entrée d'« électrosensibilité » dans son édition de 2016. Danses de joie...

 

Pour Mme Michèle Rivasi, députée européenne [13] :

 

« ...l’entrée de ce nouveau mot dans le dictionnaire, utilisé depuis des années par des associations et des médecins spécialistes de l’électrosensibilité, est une reconnaissance symbolique mais très importante de l’existence de cette pathologie. »

 

On n'arrête pas le progrès...

 

__________________

 

[1] http://www.robindestoits.org/La-Justice-fait-droit-a-une-personne-Electro-HyperSensible-et-reconnait-son-handicap-Robin-des-Toits-25-08-2015_a2321.html

 

[2] http://www.romandie.com/news/France-la-justice-reconnait-le-handicap-du-a/624276.rom

 

[3] http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150827.OBS4827/electrosensibilite-un-handicap-qui-ne-peut-pas-etre-nie.html

 

[4] http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/08/25/premiere-reconnaissance-en-justice-d-un-handicap-du-a-l-electrosensibilite_4736299_3244.html

 

[5] http://www.who.int/peh-emf/publications/facts/fs296_fr/en/

 

[6] http://www.mda38.fr/download/CNSA_cotation_PCH2011.pdf

 

[7] http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150825.OBS4707/premiere-reconnaissance-en-justice-d-un-handicap-du-a-l-electrosensibilite.html

 

[8]http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150826.OBS4798/electrosensibilite-que-dit-la-science.html

 

[9] http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150827.OBS4838/temoignages-electro-hypersensibilite-qui-sont-ces-malades-des-ondes-electromagnetiques.html

 

[10] http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20150826.OBS4741/l-electrosensibilite-reconnu-pour-la-premiere-fois-comme-handicap.html

 

[11] http://www.quechoisir.org/sante-bien-etre/maladie-medecine/actualite-electrosensibilite-reconnue-comme-handicap-l-assurance-maladie-a-deja-fait-appel

 

[12] Pour une critique :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article2402

Et pour entrevoir comment l'activisme anti-ondes compte utiliser cette « percée », par exemple :

http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150206.OBS1874/la-loi-sur-les-ondes-electromagnetiques-et-apres.html

 

[13] http://www.michele-rivasi.eu/medias/l%E2%80%99electrosensibilite-fait-son-entree-dans-le-dictionnaire-une-reconnaissance-symbolique-qui-doit-aller-plus-loin/

 

Partager cet article
Repost1
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
U
Il est pourtant simple de tester si une personne détecte la mise en route ou l'arrêt d'une source d'ondes. C'est rapide et bon marché et permettrait de belles économies pour la société.
Répondre
S
On voit bien que vous êtes physicien... comprend rien !<br /> <br /> « Les études menées jusqu'à présent présentent systématiquement les mêmes biais : 90% des patients atteints d'EHS présentent des troubles cognitifs comme un déficit de la mémoire immédiate. De ce fait, il est très fréquent qu'ils se trompent sur les questionnaires auxquels ils sont soumis. De la même façon, les études de provocation (des malades sont placés devant un champ magnétique pour évaluer leur réaction, NDLR) ne prennent pas en compte les temps de latence, les autres paramètres environnementaux en cause et le fait qu'il s'agit de phénomènes cumulatifs. »<br /> <br /> Ce monsieur dont le nom est généralement précédé par une autre abréviation, évidemment relayé par S&A :<br /> <br /> http://www.sciencesetavenir.fr/sante/20150826.OBS4798/electrosensibilite-que-dit-la-science.html
P
Bonjour,<br /> <br /> Tout d'abord merci pour ce blog et ces articles. Une fois de plus les médias montre leur méconnaissance de la science et du fait scientifique, pour se tourner vers le sensationnalisme. Pauvre journaliste !!! Je me pose parfois la question sur ces associations qui luttent contre de soi-disant nuisances. Quelles objectifs visent-elles? Faire croire qu'une décision de justice, permet d'établir le fait scientifique, nous voilà revenus au temps de l'inquisition !!! <br /> En tout cas merci pour cet article, qui devrait éclairer les non-initié.<br /> <br /> PPJ ingénieur radioprotection
Répondre