Le glyphosate classé « cancérigène probable » : c'est quoi ce CIRC ?
Il est venu, le temps du grand chambardement
Classés en cancérogènes probables/possibles: les aliments frits (orésence d'acrylamide, Aloe vera,maté brulant, fruits (présence de certaines mycotoxines), légumes au vinaigre (condiment asiatique traditionnel), café, etc., etc.
Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC – en anglais International Agency for Research on Cancer (IARC)) est une institution internationale dépendant, avec toutefois une large autonomie, de l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Il publie notamment des Monographies du CIRC sur l'évaluation des risques cancérogéniques chez l'homme, pour des substances, des agents physiques, des activités...
Cette évaluation suit un rituel très codifié et aboutit à des verdicts également codifiés [1] :
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Groupe 1 : agent cancérogène (parfois appelé cancérogène avéré ou cancérogène certain),
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Groupe 2A : agent probablement cancérogène,
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Groupe 2B : agent peut-être cancérogène (parfois appelé cancérogène possible),
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Groupe 3 : agent inclassable quant à sa cancérogénicité,
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Groupe 4 : agent probablement pas cancérogène.
Radiations solaires, certains contraceptifs oraux... groupe 1, cancérigènes certains
Le 20 mars 2015, le CIRC a publié un communiqué de presse (en anglais seulement) annonçant le classement de cinq matières actives phytosanitaires : diazinon, glyphosate, malathion, parathion et tétrachlorvinphos [2].
Le classement du glyphosate en 2A (probablement cancérogène) a suscité un énorme bruit médiatique car il s'agit de la matière active entrant dans la formulation de l'herbicide le plus utilisé dans le monde, généralement connu sous la marque d'origine, Roundup (de... Monsanto, l'ennemi public numéro 1 de l'altermonde).
Il s'est ensuivi de véritables appels au meurtre du glyphosate [3]. On a même vu une ministre française – Mme Ségolène Royal – faire un coup de comm' pathétique en allant retirer des bidons de Roundup des rayons d'une jardinerie d'un groupe probablement ravi de la publicité qui lui a ainsi été faite.
Faut-il en rire?
Le 23 juin 2015, le CIRC a annoncé le classement de trois autres matières actives : 2,4-D, DDT et lindane [4]. L'herbicide 2,4-D – très largement utilisé dans le monde depuis des décennies – a été classé en peut-être cancérogène pour l’homme (groupe 2B). Dans un climat de relative indifférence médiatique [5] ; c'est que, notamment, la bobosphère ne le connaît pas, qu'il n'est pas de Monsanto et qu'il n'est encore associé à grande échelle à des OGM.
Ce qui étonne, c'est que les classements du CIRC ne correspondent pas à ceux de la quasi-totalité des agences – internationales et nationales – chargées des évaluations aux fins de la sécurité sanitaire et de l'environnement. Y compris... de l'Organisation Mondiale de la Santé [6].
En fait, tout s'explique... en faisant l'effort d'explication que le CIRC a omis de faire. Il y a de bonnes raisons de croire que cette omission avait été volontaire au moment de l'annonce pour le glyphosate [7]. On ne peut que constater aussi que le CIRC est resté muet devant les innombrables dérapages médiatiques, la surinterprétation de sa décision, et les appels irresponsables à l'interdiction du glyphosate. C'était pourtant simple : il suffisait, par exemple, de citer des produits et agents d'usage courant également classés en 2A.
En fait, tout ne s'explique pas. Le rituel très codifié que nous avons évoqué ci-dessus exige une interprétation du matériau scientifique disponible – essentiellement une décision d'acceptation d'une source comme pertinente ou de son élimination, et une évaluation de la pertinence. De nombreux articles ont été écrits sur ce sujet et il n'est pas inutile d'en faire une brève analyse.
Le CIRC a publié une foire aux questions sur ses monographies [8]. En voici un extrait :
« Quelle est la différence entre le risque et le danger?
« Le Programme des Monographies du CIRC évalue les dangers [en anglais : hazards [9]] de cancer, mais pas les risques [en anglais : risks] associés à l'exposition. La distinction entre danger et risque est importante. Un agent est considéré comme un danger de cancer s'il est capable de provoquer le cancer dans certaines circonstances. Le risque mesure la probabilité que le cancer se produise, compte tenu du niveau d'exposition à l'agent. Le Programme des Monographies peut identifier les dangers de cancer même lorsque les risques sont très faibles au regard des modes connus d'utilisation ou d'exposition. L'identification de ces dangers de cancer est importante parce que de nouvelles utilisations ou des expositions imprévues pourraient conduire à des risques qui sont beaucoup plus élevés que ceux que l'on connaît actuellement. »
Et voici maintenant, à titre d'exemple, un extrait de la note à l'intention des lecteurs de la Monographie sur la consommation d'alcool et de carbamate d'éthyle [10] :
« Par l'expression "risque cancérogène" il faut entendre dans la série des Monographies du CIRC qu'un agent est capable de provoquer le cancer dans certaines circonstances. Les Monographies évaluent les dangers de cancer, en dépit de la présence historique du mot "risques" dans les titres.
L'inclusion d'un agent dans les Monographies ne signifie pas qu'il est un cancérogène, seulement que les données publiées ont été examinées. De même, le fait que l'agent n'a pas encore été évalué dans une Monographie ne signifie pas qu'il n'est pas cancérogène. »
Il est tout simplement irresponsable, de la part du CIRC, d'utiliser un terme inapproprié pour des raisons « historiques », de plus quand on en connaît les conséquences.
Notons aussi la première phrase du deuxième paragraphe qui évoque la réputation de certaine congrégation religieuse... On peut s'en offusquer quand on lit, par exemple, les conclusions suivantes :
« Le benzène est cancérogène pour l'homme (groupe 1). » [11]
« Les aflatoxines sont cancérogène pour l'homme (groupe 1). » [12]
Les installations électriques présentent un danger mortel d'électrocution ; une installation faite dans les normes ne présente quasiment aucun risque. Transposons.
Le CIRC a identifié un danger probable de cancérogénicité du glyphosate ; les agences d'évaluation ont conclu, les unes à une absence de danger (c'est le cas du BfR – voir note [6], l'extrait de leur présentation en première illustration de l'article), les autres à une absence de risque dans les conditions d'utilisation normale.
En d'autres termes, le classement du glyphosate en probablement cancérogène n'aurait jamais dû donner lieu à des concours d'hystérie.
Il est un autre épisode de l'histoire du CIRC que l'on peut considérer comme peu glorieux : le classement des champs électromagnétiques de radiofréquences comme peut‐être cancérogènes
pour l’homme (Groupe 2B). Peu glorieux parce que, là encore, on a des raisons de croire que le groupe d'experts a cédé à des pressions ou anticipé des attentes, utilisant par exemple pour sa décision des articles issus de l'étude Interphone mais non encore publiés à l'époque (l'ont-ils du reste été ?). Notons que, dans le cas du glyphosate, le groupe de travail a refusé de prendre en compte l'évaluation du Bfr... non encore publiée à l'époque.
Toujours est-il que le communiqué de presse contient une partie sur le sens des niveaux de classement [13]. En voici un extrait :
« Les termes probablement cancérogène et peut‐être cancérogène n'ont pas de signification quantitative et ne sont utilisés que pour décrire différents niveaux de données de cancérogénicité chez l'homme, probablement cancérogène signifiant un niveau d'indication plus élevé que peut‐être cancérogène. »
Autrement dit : « probablement » ne signifie pas « probablement ».
Ces constatations imposent un retour sur le communiqué de presse relatif au glyphosate, etc. [2].
C'est un document qui nous semble atypique. Il n'existe qu'en anglais ; son adresse URL est hors norme ; l'adresse pour les demandes de renseignements est générale ; surtout, le dernier paragraphe peut s'analyser comme une provocation :
« Quelles sont les implications des évaluations du CIRC?
« Le Programme des Monographies fournit des évaluations scientifiques fondées sur un examen approfondi de la littérature scientifique, mais il est de la responsabilité des gouvernements et d'autres organisations internationales de recommander des règlements, des législations, ou des interventions de santé publique. »
Les différences par rapport au communiqué de presse suivant, sur le 2,4-D, le DDT et le lindane, sont criantes [14]. Celui-ci inclut en particulier une « note aux rédacteurs » mettant l'information en perspective. En voici le début, avec nos annotations, la traduction française n'étant pas un chef-d'œuvre :
« Qu'est-ce que la classification signifie en termes de risque ?
« Le classement d’une substance ou d’un agent indique le degré des indices [en anglais : "strength of the evidence", soit : la force probante, la solidité des preuves] selon lesquels cette substance ou cet agent provoque le cancer. Le Programme des Monographies cherche à identifier le potentiel [en anglais : "hazards", dangers] qu’a une exposition donnée de causer le cancer. Ce classement ne précise toutefois pas le niveau de risque associé à l'exposition en question. Le niveau de risque de cancer associé à des substances ou agents ayant été classés dans un même Groupe peut être très différent, en fonction de facteurs comme le type ou l’étendue de l'exposition, et l'intensité de l'effet de l'agent évalué. »
La classement en « cancérogène probable » s'impose dans les conditions suivantes [1] :
« Principe général : Indications limitées de cancérogénicité chez l'homme et suffisantes chez l'animal.
« Cas particulier : Indications insuffisantes pour l'homme et suffisantes pour l'animal associés à de fortes présomptions pour une cancérogénèse selon un mécanisme identique chez l'homme.
« Exceptions :
- Seule base des indications limitées de cancérogénicité pour l'homme.
- Appartenance de l'agent à une catégorie d'agents dont un ou plusieurs membres ont été classés dans le groupe 1 ou 2A. »
« Suffisantes », « insuffisantes » et « limitées » sont définis ; voir par exemple le communiqué de presse sur les champs électromagnétiques de radiofréquences [13].
Selon le communiqué de presse, on se trouve dans le cas général : preuves limitées chez l'homme, preuves convaincantes chez les animaux de laboratoire.
Le CIRC a fait publier un résumé des conclusions dans the Lancet selon une pratique établie [15]. À l'évidence, l'article énonce les considérations essentielles sur lesquelles repose la décision de classement ; pour tout savoir, il faut attendre la monographie. Cela donne :
« Il y a des preuves limitées chez l'homme de la cancérogénicité du glyphosate. Les études cas-témoins de l'exposition professionnelle aux États-Unis, au Canada et en Suède ont montré des risques accrus pour le lymphome non-hodgkinien qui persistaient après ajustement pour les autres pesticides. La cohorte AHS n'a pas montré de risque significativement accru de lymphome non-hodgkinien. »
Les études en question sont mises en lien [16].
Trouver des preuves n'est pas simple car il faut pouvoir trier pour distinguer l'effet d'un pesticide particulier par rapport à tous les autres facteurs possibles (y compris les expositions aux poussières, aux spores de micro-organismes, aux mycotoxines, aux carburants, etc.). Il n'est donc pas étonnant que les études citées ne soient pas très convaincantes. Les études « positives » sont au demeurant plutôt anciennes (2001, 2003 et 2008).
Nous ne développerons pas ici. Un travail remarquable a été fait par M. Andrew Kniss sur le site Control Freaks et une traduction a été produite sur La théière cosmique [17].
Sur cette illustration, chaque point représente le risque relatif de cancer entre des gens ayant été exposés au glyphosate et ceux qui ne l’ont pas été. Pour lire cette illustration, tous les points à gauche de la ligne bleu (valeur inférieure à 1), signifient qu’en moyenne, les personnes qui ont été exposées au glyphosate étaient probablement moins sujettes au développement de ce type de cancer. Les points à droite de la ligne bleue signifient que les gens exposés au glyphosate étaient plus probablement sujets à développer ce type de cancer.
Pour plus de détails, voir les liens
L'étude d'Alavanja et al. sur la cohorte AHS (Agricultural Health Study) date en revanche de 2014 et porte sur une cohorte d'applicateurs professionnels ou agriculteurs (en gros 57.000) et quelque 32.000 conjoints recrutés en 1993-1997. Les auteurs ont relevé qu'ayant examiné 26 pesticides, il est possible que des associations qu'ils ont détectées soient simplement fortuites. C'est là juste un avertissement sur la signification des études statistiquement significatives.
Les trois études retenues par le CIRC et leurs intervalles de confiance (DeRoos a utilisé deux modèles, d'où les deux points.
Pour notre part, une critique importante nous semble être que les études cas-témoins et de cohortes ne peuvent tout simplement pas évaluer les effets du glyphosate dans la mesure où il est toujours associé à des surfactants, notamment le POEA. Un tensioactif éthoxylé que l'on retrouve du reste dans les produits d'entretien domestiques et de soin du corps...
Huit études et leurs intervalles de confiance.
Par ailleurs, s'agissant de l'hystérie médiatique et de l'agitation obsessionnelle anti-pesticides, il faut bien comprendre que les études dont il s'agit ne portent pas sur des consommateurs, mais sur des applicateurs, a priori réguliers et intensifs (pas les jardiniers du dimanche qui traitent quelques mètres carrés d'allées une ou deux fois par an [18]).
Le résultat d'une étude de cohorte.
La conclusion du groupe d'experts du CIRC a été fortement critiquée. Ainsi, Monsanto a contesté la « science poubelle » et notamment le fait que le groupe de travail a écarté de nombreuses études montrant une absence de risque [19]. Cette accusation – car c'en est une – est fondée si on considère que la conclusion se rapporte à des risques ; elle l'est un peu moins si elle porte sur des dangers.
On attend la monographie...
L'article dans le Lancet [15] nous apprend ceci :
« Chez les souris mâles CD-1, le glyphosate a induit une évolution positive de l'incidence d'une tumeur rare, le carcinome du tubule rénal. Une deuxième étude a signalé une tendance positive pour l'hémangiosarcome chez les souris mâles [20]. Le glyphosate a augmenté l'adénome des îlots de Langerhans du pancréas chez les rats mâles dans deux études. Une formulation de glyphosate a promu les tumeurs de la peau dans une étude d'initiation-promotion chez la souris. »
Voilà un concentré de flou qui, à ce stade, ne peut nous convaincre que du fait que ce n'est pas... convaincant.
La référence n'est pas fonctionnelle, mais le document dont il s'agit peut se trouver sur le site de la FAO ou, plus vraisemblablement, d'Inchem [21]. Il est difficile de trouver le passage à l'appui d'une « tendance positive ».
Mais on trouve dans le premier, à la page 99 :
« Des études à long terme de toxicité et de cancérogénicité ont été menées sur des souris et des rats. Dans l'étude sur la cancérogénicité chez la souris, aucun effet toxique n'a été observé jusqu'à la dose la plus élevé testée (1000mg/kg pc/jour), et il n'y avait aucune indication de cancérogénicité.
[...] Il n'y avait aucune indication de réponse cancérogénique chez le rat. »
Quant au carcinome du tubule rénal, il peut s'agir d'une référence à une étude citée par l'Agence états-unienne de protection de l'environnement (EPA, Environmental Protection Agency). Il s'agit d'une étude à la signification statistique bien flaiblarde.
Le dernier paragraphe de l'article du Lancet [15] est un patchwork :
« Le glyphosate a été détecté dans le sang et l'urine des travailleurs agricoles, ce qui indique une absorption. Les microbes du sol dégradent le glyphosate en acide aminométhylphosphorique (AMPA). La détection d'AMPA dans le sang après après une intoxication suggère l'existence d'un métabolisme microbien dans l'intestin chez l'homme. Le glyphosate et des formulations de glyphosate induisent des lésions de l'ADN et des chromosomes chez les mammifères, et dans les cellules humaines et animales in vitro. Une étude a rapporté une augmentation des marqueurs sanguins de lésions chromosomiques (micronoyaux) chez les habitants de plusieurs communautés après la pulvérisation de glyphosate formulé [22]. Les tests de mutagenèse bactérienne étaient négatifs. Le glyphosate, les formulations de glyphosate, et l'AMPA ont induit un stress oxydatif chez les rongeurs et in vitro. Le Groupe de travail a classé le glyphosate comme "probablement cancérogène pour l'homme" (groupe 2A). »
« ... ce qui indique une absorption » ? Et une excrétion...
Un seule référence [22]...
...Et un commentaire très désobligeant de l'un des auteurs de l'étude, pour qui la conclusion du Groupe d'experts est « totalement fausse » [23] :
« Ils ont déclaré qu'il y avait des preuves de génotoxicité et ils ont cité un article à l'appui de cette déclaration.
« Il n'y a pas de preuve que le glyphosate est génotoxique. »
Le communiqué de presse [2] contient une étrange partie :
« Sur la base de tumeurs chez la souris, l'Agence de Protection de l'Environnement des États-Unis (US EPA) a initialement classé le glyphosate comme cancérogène possible pour l'homme (groupe C) en 1985. Après une réévaluation de cette étude sur la souris, l'EPA a changé sa classification en preuve de non-cancérogénicité pour l'homme (Groupe E) en 1991. le Groupe consultatif scientifique de l'EPA a noté que les résultats réévalués du glyphosate restaient significatifs quand on utilisait deux tests statistiques recommandés dans le Préambule du CIRC. »
Cette déclaration ne figure pas l'article dans le Lancet [15]... Doit-on penser que le service de communication du CIRC est meilleur juge que la moitié environ du Groupe d'experts s'agissant de la valeur probante des arguments ? Ou que cet argument n'a pas été repris dans le Lancet faute de place ?
En tout cas il ne convainc pas. Ou plutôt, il nous convainc qu'il y a un loup.
Car, après réexamen des lames ou des clichés et correction des données, il n'y avait plus de différence significative dans un test de comparaisons par paires. Et, selon le groupe d'experts de l'EPA , ce résultat ne pouvait pas être supplanté par l'existence d'une « tendance » significative et d'une différence significative par rapport aux données historiques.
De plus, le classement final a été fondé sur un ensemble d'études, contrairement à ce que laisse entendre le communiqué de presse.
De surcroît, si l'on accepte la théorie de ce communiqué de presse, il faut conclure que le CIRC se prévaut – pour déclarer que le glyphosate est un cancérogène probable, sans préciser la nature des cancers induits – d'une étude somme toute limite, voire litigieuse, et d'une tumeur rare.
Au terme de cette analyse, il nous semble urgent pour le CIRC de réviser ses procédures.
Il n'y a pas que l'aspect conflits d'intérêts, noyautage et loyauté (un problème qui se pose également pour d'autres instances).
Il y a aussi et surtout la question de l'adéquation des procédures et des conclusions. Notre première partie a montré que le CIRC opère dans une bulle, déconnecté de la réalité. Ce n'est plus tolérable dans une société labourée par l'Internet, les « réseaux sociaux », les groupes de pressions, les manipulations en tout genre.
Le glyphosate est l'exemple typique d'une matière active qui a fait l'objet de centaines d'études – notamment sur les animaux de laboratoire car les études épidémiologiques humaines sont souvent longues, chères et difficiles à réaliser. Sur ce nombre, une partie répond à un agenda ; en son sein on trouvera des études discréditées par un militantisme trop évident, voire revendiqué, et d'autres qui ont l'apparence de la qualité et de l'objectivité. Parmi ces dernières, une partie aura trouvé un effet qui est statistiquement significatif mais en réalité fortuit. Or les procédures du CIRC privilégiernt les résultats positifs. En bref, elles aboutissent à donner un classement en cancérogène probable ou possible – des adjectifs qui ne sont pas à prendre dans leur sens commun – dès lors que l'agent a fait l'objet d'une attention scientifique suffisante. On peut dire la même chose des perturbateurs endocriniens, par exemple.
Précisons pour la neutralité de l'exposé que, quand on fait l'inventaire des études, l'inverse est aussi possible : l'étude ne trouve pas d'effet alors qu'il y en a un ; c'est peu vraisemblable dans le cas du glyphosate qui interfère avec une voie métabolique qui n'existe pas chez l'homme. De toute façon, cela n'a pas d'incidence sur notre argument vu les procédures du CIRC. Fermons la parenthèse et revenons au point essentiel.
Est-ce bien raisonnable ?
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[1] http://www.cancer-environnement.fr/213-Classification-du-CIRC.ce.aspx
[2] http://www.iarc.fr/fr/media-centre/iarcnews/pdf/MonographVolume112.pdf
[3] Voir par exemple :
http://seppi.over-blog.com/2015/06/glyphosate-roundup-petitions-desopilantes-et-navrantes.html
[4] http://www.iarc.fr/fr/media-centre/pr/2015/pdfs/pr236_F.pdf
[5] http://seppi.over-blog.com/2015/06/pas-de-cirque-sur-les-nouvelles-evaluations-du-circ.html
[8] http://www.iarc.fr/en/media-centre/iarcnews/pdf/Monographs-Q&A.pdf
C'est en anglais seulement... et ce n'est pas admissible.
[9] Si vous utilisez un traducteur automatique, il y a de grandes chances que « hazard » soit rendu par « risque ». Les deux notions sont très différentes. Même les traductions du CIRC laissent à désirer, en témoigne le communiqué de presse sur le 2,4-D, le DDT et le lindane.
[10] http://monographs.iarc.fr/ENG/Monographs/vol96/mono96.pdf
[11] http://monographs.iarc.fr/ENG/Monographs/vol100F/mono100F-24.pdf
[12] http://monographs.iarc.fr/ENG/Monographs/vol100F/mono100F-23.pdf
[13] http://www.iarc.fr/fr/media-centre/pr/2011/pdfs/pr208_F.pdf
Ceux qui s'intéressent à cette question liront avec intérêt l'avis – plus élaboré et plus mesuré – de l'OMS :
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs193/fr/
[14] http://www.iarc.fr/fr/media-centre/pr/2015/pdfs/pr236_F.pdf
[15] http://www.thelancet.com/journals/lanonc/article/PIIS1470-2045(15)70134-8/abstract
[16] De Roos AJ, Zahm SH, Cantor KP, et al.
Integrative assessment of multiple pesticides as risk factors for non-Hodgkin’s lymphoma
among men.
Occup Environ Med 2003; 60: E11.
http://oem.bmj.com/content/60/9/e11.full
McDuffie HH, Pahwa P, McLaughlin JR, et al.
Non-Hodgkin’s lymphoma and specific pesticide exposures in men: cross-Canada study of pesticides and health.
Cancer Epidemiol Biomarkers Prev 2001; 10: 1155–63.
http://cebp.aacrjournals.org/content/10/11/1155.full
Eriksson M, Hardell L, Carlberg M, Akerman M.
Pesticide exposure as risk factor for non-Hodgkin lymphoma including histopathological subgroup analysis.
Int J Cancer 2008; 123: 1657–63.
http://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1002/ijc.23589/full
Alavanja MC, Hofmann JN, Lynch CF, et al.
Non-Hodgkin lymphoma risk and insecticide, fungicide and fumigant use in the agricultural health study.
PLoS ONE 2014; 9: e109332.
http://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0109332
[17] http://weedcontrolfreaks.com/2015/03/glyphosate-and-cancer-what-does-the-data-say/
https://latheierecosmique.wordpress.com/2015/03/29/trad-glyphosate-et-cancer-que-disent-les-donnees/
[18] Jardiniers qui, grâce à l'irresponsabilité politique et gouvernementale, seront privés d'herbicide prêt à l'emploi, correctement dosé. Résultat pratique : trafic par internet de flacons concentrés, manipulations pour préparer la bouillie, surdosage...
[20] WHO/FAO. Glyphosate. Pesticides residues in food
2004 Joint FAO/WHO Meeting on Pesticides Residues. Part II Toxicological. IPCS/
WHO 2004; 95–162.
http://www.who.int/foodsafety/areas_work/chemical-risks/jmpr/en/
http://www.inchem.org/documents/jmpr/jmpmono/v2004pr01.pdf
[22] Bolognesi C, Carrasquilla G, Volpi S, Solomon KR, Marshall EJ.
Biomonitoring of genotoxic risk in agricultural workers from fi ve Colombian regions: association to occupational exposure to glyphosate.
J Toxicol Environ Health A 2009; 72: 986–97.
http://www.tandfonline.com/doi/abs/10.1080/15287390902929741#.VbX2XbPtmko
[23] http://www.producer.com/daily/toxicologist-pans-un-glyphosate-report/#.VRcWRvrM3o4.twitter
[24] http://www.epa.gov/opp00001/chem_search/cleared_reviews/csr_PC-103601_30-Oct-91_265.pdf
https://doccamiryan.wordpress.com/2014/03/05/the-dose-makes-the-poison/