Un superbe « 6 pages » : « Utilisation des terres agricoles, est-ce que les animaux d’élevage concurrencent l’alimentation humaine ? »
Glané sur la toile 932
(Source)
Le GIS Avenir Elevages a produit un superbe « 6 pages », « Utilisation des terres agricoles, est-ce que les animaux d’élevage concurrencent l’alimentation humaine ? ».
La coordination a été assurée par Mme Anne-Charlotte Dockès (IDELE) et M. René Baumont (INRAE), la rédaction étant le fait de Terre-écos.
De quoi étayer des réponses à un discours militant trop largement répandu.
Le résumé :
« Notre planète possède des ressources limitées. L’augmentation de la population humaine pose la question de l’utilisation des sols. Alimentation, habitat, mobilité, énergie... Les différents besoins humains se traduisent par des hectares de terres occupées. En agriculture, l’exploitation de surfaces pour les animaux d’élevage interroge : alors que nous devons optimiser l’utilisation des terres pour l’Homme, est-ce véritablement utile et efficace d’en réserver une partie pour les animaux ? Afin d’apporter des éléments de réponses, le groupement d’intérêt scientifique Avenir Elevages a réalisé une synthèse scientifique sur ce sujet.
L’agriculture n’utilise pas seulement des surfaces : elle entretient les sols en profondeur grâce à son action bénéfique sur la matière organique. Le tandem formé par l’animal et le végétal en est le moteur : les déjections des animaux d’élevage constituent une ressource naturelle pour fertiliser les cultures. C’est d’ailleurs le seul engrais utilisable en agriculture biologique. Correctement appliqués, ces effluents d’élevage nourrissent les plantes, vitalisent les terres et entretiennent la biodiversité.
Deux grands types de surfaces sont utilisées par les animaux d’élevage : des surfaces toujours en herbe (prairies, parcours) et des grandes cultures. Dans le second cas, une concurrence peut apparaître avec l’alimentation humaine. Elle se réduit à mesure que l’alimentation animale valorise des végétaux et des coproduits non comestibles - provenant des transformations industrielles indispensables à la préparation de l’alimentation humaine - pour produire de la viande, du lait et des œufs. »
Ce document repose en partie sur des travaux auxquels on pourra accéder par la page « Efficience protéique et énergétique des filières animales ».
Voici le texte de cette page :
« Le discours de la compétition entre protéines animales et protéines végétales monte en puissance suite à la mise en avant de quelques données ("il faut entre 4 et 9 kg de protéines végétales pour faire 1 kg de protéines animales" ) non nuancées et sans que l’on sache bien ce qu’elles recouvrent exactement. Un raisonnement en apparence logique conduit alors à l'idée selon laquelle il suffirait de substituer les protéines animales par des protéines végétales pour assurer un développement durable de la planète et nourrir 9 milliards d’êtres humains. Ce raisonnement est tenu par des opposants à l’élevage mais aussi, et c’est plus nouveau, par des acteurs des filières végétales qui cherchent à développer la production de protéines issues de protéagineux dans notre alimentation. Ils trouvent là un argument très facile pour justifier des financements pour leurs travaux. Ce n'est pas le rapport du 4ième Foresight du SCAR qui va inverser la tendance. Outre la compétition animal vs végétal pour l'alimentation on voit arriver la compétition animal vs industrie de la "chimie verte" pour l'accès à la biomasse. Sur la base d’un même raisonnement les productions animales sont aussi pointées pour leur inefficacité énergétique. Il est rapporté qu’il faut entre 4 à 12 kcal végétales pour faire 1 kcal animale.
Intrinsèquement les valeurs mises en avant ne sont peut-être pas fausses mais on ne sait pas ce qu’elles recouvrent. En particulier les animaux consomment de la biomasse qui n’est pas utilisable en alimentation humaine et de ce point de vue ils ne peuvent pas être considérés comme étant en compétition avec l’homme pour la totalité de leur alimentation. Les ruminants, qui sont dans ces calculs sommaires toujours pointés comme les animaux les moins efficaces, valorisent pourtant des herbages produits sur ces surfaces qui ne pourraient pas être utilisées pour des productions végétales directement utilisables par l’homme dans des conditions économiquement fiables. Dans le cas des protéines, il faut en particulier bien distinguer dans les ressources mobilisées celles qui seraient directement utilisables par l'homme de celles qui correspondent à un recyclage de coproduits (sons, tourteaux, pulpes....) et bien sur l’herbe dans le cas des ruminants. La compétition entre l’alimentation animale et humaine ne doit en effet pas être raisonnée à l’échelle des protéines totales mais à l’échelle des protéines qui seraient en fait directement consommables en alimentation humaine (le même raisonnement vaut aussi pour l’énergie).
Face à ces évaluations simplificatrices et ne correspondent pas nécessairement à la réalité de l'élevage Français voire Européen, il faut pouvoir opposer des données fiables et tracées méthodologiquement pour établir une vision réaliste de l'efficience globale de nos systèmes et éviter une présentation caricaturale de la contribution du monde de l'élevage au bien être de la planète. Une telle vision aiderait aussi à faire des progrès vers plus d’efficience globale des systèmes à partir d’un regard qui n’a jamais été considéré jusqu’ici. Nous ne disposons pas dans les filières de telles estimations ni d’analyse des principaux facteurs de variation de l’efficience d’utilisation des protéines et de l’énergie de la biomasse convertie en produits animaux.
C'est pourquoi le GIS Elevage Demain a mis en place début 2016 un groupe de travail pour établir ces figures, les publier et les communiquer. »
Et, pour aller plus loin, « L’efficience nette de conversion des aliments par les animaux d’élevage : une nouvelle approche pour évaluer la contribution de l’élevage à l’alimentation humaine » de Sarah Laisse et al.
On attend avec impatience d'autres documents du même type, notamment sur le rôle de l'élevage dans les rotations de cultures et, si possible, les émissions de gaz à effet de serre (voir par exemple ici).