« La faim pourrait toucher un milliard de personnes dans le monde cette année » dans l'Opinion
Glané sur la toile 897
« La faim pourrait toucher un milliard de personnes dans le monde cette année », publié dans l'Opinion du 7 juillet 2021 – oui, ça ne date pas d'hier –, est un article signé Emmanuelle Ducros mais écrit en fait à six mains, avec M. Sébastien Abis et Mme Sylvie Brunel.
Il est remonté à la surface à la suite d'une polémique de très bas étage dont il est question sur ce site dans un autre article, « Quand Ducros se décarcasse... l'intolérance, le sectarisme et la haine se déchaînent... »
Le début :
« Madagascar fait face à une famine qui touche déjà 400 000 personnes de façon sévère alors qu’1,4 million d’habitants ont un accès insuffisant à la nourriture sur l’île, indique le Programme alimentaire mondial. Mais selon l’ONU, des ONG et les spécialistes de l’alimentation mondiale, d’autres épisodes de famine qui vont toucher la planète cette année. Les conséquences de la pandémie pourraient en effet faire basculer entre 900 millions et un milliard de personnes dans cette situation. Un niveau inconnu depuis le milieu des années 1990. »
Les disettes et les famines ne sont pas des sujets pour les informations de 20 heures – sauf lorsqu'elles sont devenues vraiment graves au point de produire des images susceptibles de susciter une compassion bien artificielle. Ainsi, ce n'est que le 23 novembre 2021 que France 2 a trouvé un créneau pour nous en entretenir entre deux radios-trottoirs. C'est bien sûr la faute au réchauffement climatique...
Mme Sylvie Brunel y voit surtout les conséquences de l’incurie du gouvernement local, comme dans d'autres régions d'ailleurs :
« Cela aurait probablement pu être évité en demandant de l’aide à la communauté internationale. Mais pour un gouvernement, c’est toujours reconnaître un échec [...]. Pourtant, pour spécifique qu’elle soit, cette famine doit sonner comme une alerte urgente. »
Après avoir évoqué quelques zones « à problèmes », essentiellement socio-politiques, elle nous rappelle :
« […] Ce sont le plus souvent des endroits où la disponibilité de la nourriture ne tient qu’à un fil, où une mauvaise récolte, un incident climatique ou une invasion de criquets déséquilibrent tout. Les trois quarts des personnes souffrant de la faim dans le monde sont habituellement des paysans. »
Mais :
« La faim est de moins en moins rurale et de plus en plus urbaine. »
Il n'est pas sûr, à notre sens, que la première proposition soit vraie, en chiffres absolus. Un gros problème est la désorganisation du tissu social et de l'économie du fait de la pandémie :
« La flambée des prix de l’alimentation sur la planète n’arrange rien. "En quelques mois, les cours ont doublé ou triplé sur la planète, selon les catégories de produits explique Sébastien Abis, géographe, qui dirige le club Demeter, un think tank dédié aux questions d’agriculture et d’alimentation. Le coût du fret maritime a explosé. C’est aussi le cas du pétrole, qui est à 70 dollars le baril et pourrait grimper jusqu’à 100. Cela renchérit considérablement les intrants, les engrais, qui sont pourtant indispensables pour avoir des récoltes suffisantes." »
Et d'ajouter :
« Avec la faim, ce qui vient, ce sont aussi les risques d’agitation sociale, les grandes migrations, les déstabilisations. »
Conclusion de Mme Sylvie Brunel :
« "C’est aussi pour cela que c’est une folie, dans la réflexion européenne sur l’alimentation, de vouloir renoncer à exporter, appuie Sylvie Brunel. Les enjeux environnementaux ont totalement éclipsé, dans nos esprits occidentaux, le premier des besoins humains, c’est-à-dire se nourrir. Avant de faire une révolution agricole, il faut produire ! Produire, partager, préserver. Ce sont les fondements du développement durable, on en a oublié une partie." »
Ce texte n'a pas pris une ride. Au contraire, d'aucuns s'alarment sur les difficultés qui risquent de se présenter pour la prochaine campagne agricole (déjà en cours chez nous pour les cultures dites d'hiver).
Et, imperturbable, l'Union Européenne reste sur sa stratégie « de la ferme à la table » dont plusieurs observateurs différents pronostiquent une baisse des productions de quelque 10 à 20 %.