Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

« Europe agricole: chronique d’un désastre annoncé et assumé », de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion

5 Septembre 2021 Publié dans #De la ferme à la table, #Politique, #Union européenne

« Europe agricole: chronique d’un désastre annoncé et assumé », de Mme Emmanuelle Ducros dans l'Opinion

 

Glané sur la toile 887

 

 

 

 

Sans fanfare, autant dire en catimini, le Commission Européenne a publié le 31 juillet 2021 un rapport du Centre de Recherche Commun, « Modelling environmental and climate ambition in the agricultural sector with the CAPRI model » (modélisation de l'ambition environnementale et climatique dans le secteur agricole avec le modèle CAPRI).

 

Dans « Europe agricole: chronique d’un désastre annoncé et assumé », Mme Emmanuelle Ducros nous offre un super-condensé des résultats de cette modélisation des principales ambitions européennes, des stratégies « farm to fork » (de la ferme à la table) et « biodiversité 2030 » (d'ici 2030 : mettre 10 % des terres agricoles dans des régimes de haute diversité paysagère ; porter la part de l'agriculture biologique à 25 % de la surface agricole utilisée ; réduire les pertes de nutriments du sol d'au moins 50 % ; réduire l'utilisation d'engrais de 20 % ; réduire l'utilisation et les risques des pesticides chimiques de 50 % ; réduire de 50 % l'utilisation des pesticides « plus dangereux » ; réduire de 50 % les ventes d'antimicrobiens à usage vétérinaire ; développer un vaste réseau de zones protégées...).

 

Dans son article, Mme Emmanuelle Ducros revient sur une analyse qu'avait faite en novembre 2020 le Service de la Recherche Économique de l'USDA (voir aussi ici). Elle écrit :

 

« Dans cette note, les économistes américains estimaient que l’Europe devait s’attendre à une réduction de 12 % de sa production alimentaire si elle s’appliquait ses règles à elle-même. La baisse de production planétaire serait de 11 % en généralisant la norme européenne, via les "clauses miroir". Une baisse de production s’accompagnant d’une hausse des prix mondiaux de l’alimentation de 89 % – et de 17 % en Europe. La chute de 20 % des exportations européennes se doublerait d’une baisse des revenus des agriculteurs de 16 %. Plus grave : une généralisation des visées européennes "précipiterait 185 millions de personnes dans l’insécurité alimentaire par la course aux ressources ; le PIB mondial chuterait alors de 1 100 milliards de dollars". Peut-être l’étude n’était-elle pas dénuée d’arrière-pensées politiques…

 

Perdant-perdant. L’étude européenne ne s’attarde, elle, pas sur les conséquences pour le reste du monde, mais elle confirme les projections américaines pour l’Europe elle-même ! La baisse des surfaces céréalières de 4 % et des rendements de 11 % (dues aux réductions de pesticides et d’engrais) produirait une chute globale de la production de 15 %. Même baisse pour les oléagineux. Dégringolade de 13 % pour les fruits et légumes, de 10 % pour les produits laitiers, de 17,5 % pour la viande bovine, un peu plus de 15 % pour le porc et la volaille. Et finalement, si les prix devaient augmenter un peu (12 % en Europe) et les coûts d’exploitation baisser ? "Cela ne compensera pas les baisses de volumes et ne suffira pas à garantir une meilleure rémunération pour les agriculteurs", déplore Gilles Keller [chargé des études économiques à la Coordination Rurale]. Le Green deal serait donc un deal perdant-perdant économiquement. »

 

 

 

 

Mme Emmanuelle Ducros ajoute quelques chiffres et cite aussi Mme Christiane Lambert, qui dirige le COPA-COGECA, le porteur d'intérêts de l'agriculture et de la coopération agricole à Bruxelles.

 

On lira sur site.

 

Mais retenons tout de même la conclusion de Mme Christiane Lambert, fondée sur la nécessité pour l'Union Européenne d'importer davantage si elle met ces « stratégies » en application :

 

« Loin des yeux, loin du cœur, les problèmes… Refrain connu pour Christiane Lambert : "Souvenez-vous des néonicotinoïdes. Brune Poirson expliquait que ce n’était pas grave si on ne faisait plus de sucre ici, qu’on l’importerait d’ailleurs. Là, on va détruire notre agriculture et importer du carbone. Se défausser ainsi, ce n’est pas responsable.»

 

 

 

 

Cet article et d'autres réactions n'ont pas fait plaisir à tout le monde. Ainsi, sur Twitter, un certain Benoît Biteau, eurodéputé Vert a produit un fil surprenant.

 

 

 

(Source)

 

 

Ainsi donc, la « modélisation de l'ambition environnementale et climatique dans le secteur agricole avec le modèle CAPRI » devient aux yeux de notre génie une évaluation de la « pertinence de l’outil "modèle CAPRI" pour évaluer l’impact de la stratégie #Farm2Fork sur le secteur agricole. »

 

Quel génie, ce Benoît Biteau...

 

Mais il est vrai que cette étude du Centre de Recherche Commun n'aborde pas l'intégralité des problèmes et ne vaut donc pas étude d'impact.

 

Notez aussi que M. Benoît Biteau, tout comme ses collègues ne protestent pas contre l'absence d'étude d'impact...

 

Cependant, au vu des résultats portant sur les objectifs phares, comment ne pas être d'accord avec M. Thomas Montaigne ?

 

C'est une tragédie !

 

 

(Source)

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
H
A mon avis, le vrai bilan sera bien pire. L'agriculture et l'élevage bio sont actuellement partiellement et indirectement protégés par les produits phytosanitaires et vétérinaires de l'agriculture conventionnel qui réduisent la pression des maladies et insectes. Quand aux zones protégées, elles pullulent de plus en plus de prédateurs en tout genre car on ne les régule plus guère l'épouvantable trio renards, belettes, fouines ou on les protège comme les loups. Or la pullulation des prédateurs n'est pas bonne pour la biodiversité. Les oiseaux nicheurs au sol ou à faible hauteur sont actuellement l'objet d'un véritable massacre et beaucoup sont au moins partiellement insectivores. Et la vie ne sera pas meilleur pour les humains dans un monde "ensauvagé". Un exemple, l'explosion des tiques et de la maladie de Lyme... Il y a 50 ans, dans la plupart des campagnes françaises, les poules erraient librement une partie de l'année tout au moins. Aujourd'hui, c'est totalement impossible, les renards vont massacrer la volaille jusqu'au coeur des villages et en plein jour. Une poule peut consommer 50 à 80 tiques par jour. D'autres oiseaux comme les perdrix en étaient grands consommateurs. Les perdrix sont actuellement totalement massacrées par les prédateurs au sol et les rapaces (85% de morts par prédation selon différentes études toutes concordantes). Le bouquet, c'est que des pseudo spécialistes prétendent que les renards protègent des tiques en dévorant souris ou rats. Jamais vu un tique sur des centaines de souris ou rats capturés dans ma vie, mais sur des renards, oui et parfois copieusement, notamment autour du cou et sur la tête.
Répondre
H
La "white footed mouse" US est une variété spécifique des forêts et zones humides effectivement parasitée par les tiques et porteuse de la maladie de Lyme. Partant d'études relatives à cette souris spécifique, des chercheurs néerlandais ont postulé qu'il en était de même des souris européennes et ont fondé leur étude sur le renard (qui diminuerait la population de tiques en diminuant la population de rongeurs) sur un postulat non vérifié. Je n'ai pas la prétention de connaitre toutes les souris européennes et rongeurs associés, je dis simplement que je n'ai jamais vu de tiques sur des souris, rats et loirs dans la moitié nord de la France et j'en ai capturé sans doute plusieurs centaines dans ma vie. Il en est ainsi quand vous protégez vos récoltes ! Ce qui ne veut pas dire qu'ils n'en ont jamais, mais cela semble rare. J'ai parfois capturé accidentellement des hérissons et en saison des tiques, eux sont à 100% affreusement infestés, mais ils sont une proie difficile pour la plupart des prédateurs. Pour en revenir aux chercheurs néerlandais qui ont lancé cette fable sur le renard protégeant de la maladie de lyme, on peut être absolument sûr d'une chose, ils ne sont pas chasseurs et en saison de tiques, ils n'ont jamais tué ou capturé un renard de leur vie !
C
Oui, la souris est vecteur pour la maladie le Lyme en Amérique du Nord. Elle favorise le déplacement des tiques. C'est un trio infernal: souris, tique, maladie de Lyme. https://www.quebecscience.qc.ca/14-17-ans/encyclo/la-souris-la-tique-et-la-bacterie/