Un autre sondage sur le référendum d'initiative partagée sur les animaux
Il m'avait échappé quand il a été publié, le 29 juillet 2020. Mais une analyse un mois après, avec un peu de recul, vaut la peine.
L'IFOP a donc produit pour Caniprof – Mieux vivre avec votre chien un sondage sur l'attitude des Français face au « projet de référendum pour les animaux », ainsi que sur leurs potentiels comportements dans l’isoloir si un vote était bien organisé.
Les résultats détaillés ont été publiés le 22 juillet 2020 ici.
Une observation de taille : les questions sont directes, sans « fioritures » et, pour les objets du référendum proposé, avec une option « vous ne savez pas ».
Une autre infographie donne ces résultats en éliminant les non-réponses. On peut tout faire avec les chiffres, mais c'est tout de même discutable (les NSP varient de 7 à 17 %, ce qui n'est pas rien). Peut-être était-ce pour assurer la comparabilité avec des sondages antérieurs.
D'une manière générale, les réponses sont similaires à celles du sondage ultérieur fait pour la Fondation Brigitte Bardot pour cinq objets (élevage en cages, accès à l'extérieur, fourrures, animaux de cirque et chasse à courre, etc.). Le taux de réponses favorables, sans les NSP, est plus élevé pour l'expérimentation animale, mais les questions étaient différentes.
Les autres questions ont produit les résultats suivants :
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73% des [Français] sondés se déclarent favorables à l’organisation d’un référendum sur le droit des animaux, et 27 % défavorables (pourcentage de NSP ??) ;
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71% des électeurs envisagent de signer la pétition nécessaire pour l’organisation du référendum des animaux ; l'expérience précédente du RIP sur la privatisation d'Aéroport de Paris incite à prendre ce chiffre avec prudence ;
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Mais dans l’hypothèse où un référendum était organisé, 49 % seulement iraient voter ; selon d'autres sondages sur d'autres objets, les taux de participation iraient de 48 % (alignement du calcul des pensions de retraite des salariés de la fonction publique sur ceux du secteur privé) à 28 % (légalisation de l’usage récréatif du cannabis) ;
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Et, en cas de référendum, 89 % des personnes déclarant vouloir participer voteraient pour la loi, et 11 % contre. Mais attention... c'est sur les 79 % qui expriment une intention de vote (5 % voteraient blanc et 16 % ne savent pas).
Il y a d'autres indications – contradictoires – sur les intentions de vote dans ce sondage, avec des totaux supérieurs à 100. Le graphique suivant montre la ventilation des partisans du référendum. Ils seraient 92 % à voter pour la loi et 34 % contre. Dans le cas de l'élevage en cage, c'est 87 % et 44 %, respectivement.
Tout cela est un peu confus.
Le commentaire qu'en fait l'IFOP nous paraît un peu naïf. Ils écrivent ainsi :
« Les trois quarts des Français (73%) soutiennent l’organisation d’un référendum sur le droit des animaux, sachant que si les sympathisants écologistes (87%) sont naturellement en pointe dans la défense de ce projet, celui-ci est aussi fortement soutenu par d’autres segments de l’électorat traditionnellement sensibles à la cause animale comme les sympathisants lepénistes (88%). »
Nous pensons plutôt que les sympathisants lepénistes souhaitent qu'un RIP aboutissent parce que cela sera le début d'une nouvelle ère dans la démocratie française avec, pour eux, de meilleures possibilités de faire passer leurs projets. Ils réfléchiront certainement à deux fois lorsqu'on leur dira « combien ça coûte ».
La leçon à en tirer pour les milieux de l'agriculture et de l'agroalimentaire nous semble être que les milieux de l'élevage ont les options suivantes :
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Faire le gros dos en allumant un cierge dans l'espoir que la manœuvre va capoter ;
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Secouer (de préférence gentiment) son parlementaire (il y a apparemment des manœuvres en ce sens) :
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Partir en ordre dispersé, une partie des troupes scandant : « nous sommes les meilleurs, nous faisons déjà ceci ou cela » ou « nous allons faire ceci ou cela » ;
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Se mobiliser sur une stratégie d'ensemble pour informer les parlementaires et les électeurs sur les tenants et aboutissants des propositions.
Il est déjà tard pour les parlementaires. Ils sont déjà 141 à avoir signé et les députés girouettes sont en train d'humer le vent. Il n'est jamais trop tôt pour les électeurs.
Un mot sur le point 3 : c'est toute la stratégie marketing de l'agroalimentaire qui est à revoir. On ne peut certes pas interdire à un marchand de beurre de faire sa publicité avec une crémière sortant d'un tableau de Vermeer pour se démarquer de la concurrence ; mais on peut lui faire comprendre qu'à terme, il met ses fournisseurs de lait dans la panade.