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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

La recherche montre que les champignons peuvent ralentir le changement climatique en stockant du carbone

11 Mars 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Article scientifique

La recherche montre que les champignons peuvent ralentir le changement climatique en stockant du carbone

 

AGDAILY Reporters*

 

 

Image reproduite avec l'aimable autorisation de l'American Society of Agronomy

 

 

Lorsque nous pensons au changement climatique, nous avons tendance à évoquer les gaz à effet de serre, les combustibles fossiles et la pollution. La plupart d’entre nous ne pensent pas aux champignons.

 

Mais Kathleen Treseder le fait. Treseder, écologiste à l'Université de Californie à Irvine, étudie comment les champignons peuvent affecter le climat et vice-versa.

 

« Il est important de tenir compte des champignons », dit-elle. « Ils peuvent influencer presque tous les aspects des écosystèmes, en particulier les processus qui se produisent dans les sols. »

 

De nouvelles recherches de son laboratoire montrent que les champignons peuvent avoir différents modes de vie en réponse au changement climatique. Ces résultats peuvent être intégrés dans des modèles informatiques qui simulent les écosystèmes.

 

« Nous pourrons peut-être mieux prévoir les changements dans les niveaux de dioxyde de carbone atmosphérique et les changements climatiques », explique Treseder. « Cela peut nous aider à estimer dans quelle mesure, quand et où le changement climatique affectera les sociétés humaines. »

 

Il est important de pouvoir prévoir quels endroits seront touchés par le changement climatique et à quelle vitesse. Ces alertes précoces peuvent aider à identifier les réponses à apporter, comme la construction de digues ou de canaux d'inondation, ou diriger le développement de nouvelles variétés de plantes.

 

Les champignons sont de formidables décomposeurs. Ils décomposent la matière organique pour obtenir des nutriments et de l'énergie. Ce faisant, ils transforment des substances chimiques complexes en éléments plus simples, tels que le carbone. En fait, « les champignons font partie intégrante du cycle mondial du carbone », explique Treseder. « Ils peuvent déplacer le carbone du matériau en décomposition dans l'atmosphère sous forme de dioxyde de carbone. »

 

Mais les champignons ne font pas seulement que libérer du carbone. Ils peuvent également le stocker. Par exemple, le stress environnemental peut pousser les champignons à renforcer leurs parois cellulaires. Ils le font en utilisant des composés organiques qui contiennent du carbone. Ces composés de carbone peuvent rester dans les sols pendant des années, des décennies, voire plus.

 

Treseder cherche à savoir comment les champignons décident d’utiliser une énergie et des ressources limitées pour décomposer le matériau ou pour d’autres processus. « Personne ne peut tout faire de manière optimale, et il en va de même pour les champignons », explique Treseder. « Si les champignons investissent des ressources dans une activité comme la décomposition, alors ces ressources ne seront pas disponibles pour soutenir une autre activité comme la tolérance au stress environnemental. »

 

Ces décisions d'allocation des ressources deviennent encore plus importantes dans un monde où le climat change. « Par exemple, les climats plus extrêmes sélectionneront-ils des champignons qui tolèrent bien le stress, mais ne peuvent pas décomposer les matières mortes aussi efficacement ? » dit Treseder. « Si c'est le cas, alors leur production de dioxyde de carbone pourrait diminuer, ralentissant le changement climatique. »

 

Pour répondre à ces questions, Treseder s'est rendue en Alaska et au Costa Rica. Des expériences ont été mises en place dans les forêts boréales d'Alaska et les forêts des zones de brouillard du Costa Rica.

 

« Nous avons choisi ces emplacements car ils sont tous deux menacés par le changement climatique », explique Treseder. « Les écosystèmes nordiques se réchauffent particulièrement rapidement. Les nuages disparaissent des sommets du Costa Rica. »

 

Treseder et ses collègues ont exposé des zones de forêts à des conditions de sécheresse ou à des environnements plus doux. Ils ont collecté des échantillons de sol dans les différentes zones expérimentales.

 

Ils ont ensuite analysé les produits fabriqués par des gènes fongiques. Ces produits ont servi d'indicateurs pour savoir si les champignons investissaient plus de ressources pour la décomposition ou le renforcement des parois cellulaires.

 

« Nous avons constaté que là où le stress dû à la sécheresse augmentait, la quantité de champignons qui investissaient davantage dans le renforcement des parois cellulaires et moins dans la décomposition avait tendance à augmenter », explique Treseder. En revanche, dans des conditions plus modérées, l'inverse s'est produit. Les champignons qui décomposaient plus efficacement sont devenus plus courants.

 

Ces résultats suggèrent que les champignons pourraient stocker plus de carbone à mesure que le climat mondial devient plus extrême. En revanche, ils pourraient libérer plus de dioxyde de carbone dans les climats modérés. « Ces réactions opposées n'auraient pas été mises en évidence sans l'examen des compromis entre les caractères fongiques », explique Treseder.

 

Treseder travaille à intégrer ces résultats dans des modèles nouveaux et existants de changement climatique. Un domaine d'intérêt particulier est celui des modèles du système terrestre que le Groupe Intergouvernemental d'Experts sur l'Évolution du Climat utilise pour ses prévisions officielles. « Nous espérons que nos recherches amélioreront les prévisions des trajectoires futures du changement climatique », a déclaré Treseder.

 

Treseder a présenté ses recherches à la réunion annuelle internationale de 2019 de l'American Society of Agronomy, de la Crop Science Society of America et de la Soil Science Society of America. Cette recherche a été financée par le Département Américain de l'Énergie et la National Science Foundation.

 

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* Source : https://www.agdaily.com/crops/fungi-climate-change-storing-carbon/

 

 

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