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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

L'accès à la technologie est la clé d'une agriculture durable, peu importe où vous êtes

22 Mars 2020 , Rédigé par Seppi Publié dans #Divers

 

L'accès à la technologie est la clé d'une agriculture durable, peu importe où vous êtes

 

Bill Horan*

 

 

Un pont de pierre romain enjambe la rivière qui divise la ville turque d'Adana. Photo : Taşköprü'nün Panoramik Fotoğrafı, Creative Commons

 

 

Un pont de pierre enjambe la rivière qui divise la ville turque d'Adana.

 

Taşköprü (« pont de pierre ») est un symbole d’Adana comme le Golden Gate Bridge est un symbole de San Francisco – et même si, dans un premier temps, il m’a fait penser à l’histoire, il m’a aussi enseigné une leçon sur l’avenir de l’agriculture.

 

Lorsque j'ai repéré le pont aux 14 arches en novembre dernier, lors d'une visite pour participer à une conférence agricole, j'ai été frappé par l'absence de véhicules. Seuls les piétons l'empruntent.

 

J'ai interrogé le concierge de mon hôtel. Il a dit que ce sont les Romains qui l'ont construit il y a longtemps.

 

Il s'avère que même les érudits ne sont pas sûrs de la date de construction, mais certains l'attribuent à l'empereur Hadrien, qui est peut-être mieux connu pour le mur qui s'étend d'une côte à l'autre à travers le nord de l'Angleterre. Il a régné de 117 à 138 après JC.

 

Quels que soient les détails, c'est un pont ancien et c'est incroyable de penser que les Turcs l'utilisent encore.

 

Malheureusement, une grande partie de leur agriculture est également bloquée dans le passé.

 

Adana se trouve dans le centre-sud de la Turquie, non loin d'une côte qui touche la mer Méditerranée et à proximité de la frontière avec la Syrie déchirée par la guerre. Cette région fertile est connue sous le nom de Çukurova, et elle m'a rappelé la vallée centrale de la Californie. Le climat est similaire et les gens y produisent un large éventail d'espèces, y compris des noix, des fruits, du soja, du maïs et du coton.

 

Mon rôle à la conférence avait été de discuter des façons dont la technologie pourrait aider les agriculteurs turcs à produire plus de nourriture. J'ai parlé de l'irrigation en goutte à goutte ainsi que des machines avancées que nous utilisons dans notre ferme de l'Iowa, où nous apportons des nutriments et utilisons des produits de protection des plantes en quantités exactes et à des endroits précis. Les cartes de rendement produites grâce au GPS nous aident à comprendre les besoins de notre sol avec un maillage de trois mètres.

 

Je craignais que mon message ne dépasse ce que de nombreux agriculteurs turcs présents pouvaient imaginer. Ils manquent tellement de ce que nous tenons pour acquis aux États-Unis, comme les universités créées par donation foncière qui mènent des recherches et offrent des services de vulgarisation. Leur système fiscal les entrave également : les impôts sur la succession sont confiscatoires et font qu'il est presque impossible pour les parents turcs de transmettre les fermes à leurs enfants. Ils ne peuvent même pas compter sur l’État de droit. La corruption est endémique.

 

Tout cela oblige de nombreux agriculteurs à travailler à petite échelle – et les maintient au moins une génération ou deux derrière nous, sinon plus. Leur approche de la fertilisation et de la protection des plantes qu'ils m'ont décrite consiste à effectuer quelques analyses de sol, puis à déverser ces produits au hasard.

 

C’est un gâchis, et je peux le dire parce que je le sais bien : quand j'étais plus jeune, nous faisions la même chose dans notre ferme. Mais l'accès aux technologies innovantes nous a permis d'avancer, de manière à nous rendre plus efficaces, productifs et durables.

 

Peut-être que la situation des Turcs s'améliorera avec le temps. J'espère bien que oui. J'ai apprécié ma visite et apprécié la gentillesse des gens.

 

Pourtant, je ne suis pas optimiste. Les forces déployées contre eux sont massives. Le progrès n'est jamais inévitable. La guerre civile en Syrie voisine est un rappel aigu de ce fait inquiétant.

 

La Turquie m'a appris que je devrais être reconnaissant de l'opportunité de cultiver dans l'Iowa.

 

Quelques semaines plus tard, cependant, j’ai appris que nous ne pouvons pas nous reposer sur nos lauriers.

 

Début décembre, j'ai pris l'avion pour la Chine pour des réunions sur le commerce du biodiesel. Cette visite a livré un autre point à retenir : en tant qu’agriculteur américain, nous ne pouvons pas nous réjouir parce que nous faisons mieux que la Turquie et une grande partie du reste du monde.

 

La Chine a certainement ses problèmes, comme les troubles à Hong Kong, les persécutions des Ouïghours dans la partie ouest du pays, le manque de libertés fondamentales et aujourd'hui le coronavirus.

 

Mais j'ai vu la Chine comme un pays en plein essor : il y a des grues partout, les routes sont impeccables et les gens sont ambitieux.

 

Si votre image de la Chine implique des gens pauvres dans un pays arriéré, vous devez la repenser. La Chine est une nation moderne.

 

Beaucoup de Turcs peuvent être piégés dans le passé, avec leurs ponts de pierre et leur agriculture à l'ancienne. Ils espèrent nous rattraper.

 

Les Chinois ont d'autres ambitions. Ils n'espèrent pas simplement rattraper leur retard, ce qu'ils commencent à faire. Au lieu de cela, ils veulent aller de l'avant et nous dépasser. Pour le bien du monde et des consommateurs mondiaux, et la durabilité de l'agriculture, nous devons tous suivre notre rythme, dans nos exploitations agricoles et partout ailleurs.

 

_______________

 

*  Bill Horan

 

Agriculteur, Iowa, États-Unis

 

Bill Horan produit du maïs, du soja, des cultures spéciales et d'autres céréales dans une ferme familiale du centre-nord de l'Iowa. En partenariat avec son frère, Bill assure le leadership de Horan BioProduction, LLC. Ancien marine et ancien combattant du Vietnam, il a obtenu un baccalauréat ès sciences de la South Dakota State University et a suivi le programme d'éducation pour cadres de la Harvard Business School. Bill est bénévole en tant que membre du conseil d'administration du Réseau Mondial d'Agriculteurs. Il a également contribué à diriger le réseau pendant plusieurs années en tant que président avant de céder les rênes à la mi-2017.

 

Il siège au comité consultatif de la Banque de la Réserve Fédérale de Kansas City, du Comité Consultatif du Fret dans les Transports de l'Iowa, et est président du conseil d'administration de Western Iowa Energy, une usine de production de biodiesel de 30 millions de gallons [113 millions de litres] par an. L'intérêt de Bill pour les énergies renouvelables tout au long de sa vie a été conforté par son engagement en tant que membre du comité directeur de Natural Resource Solutions, LLC, un groupe non partisan basé à Washington DC se consacrant au développement de politiques publiques visant à fonder la consommation d'énergie aux États-Unis pour 25 % sur la biomasse d’ici 2025. Il est également directeur du Parc de Recherche de l’Iowa State University et est membre du comité consultatif technique sur la biomasse du Département de l’Énergie/USDA.

 

Source : https://globalfarmernetwork.org/2020/02/technology-access-is-key-to-sustainable-agriculture-regardless-of-where-you-farm/

 

 

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