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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Numéro spécial d’Envoyé Spécial consacré au glyphosate : un grand moment de désinformation est annoncé

14 Janvier 2019 , Rédigé par Seppi Publié dans #critique de l'information, #Activisme, #Glyphosate (Roundup)

Numéro spécial d’Envoyé Spécial consacré au glyphosate : un grand moment de désinformation est annoncé

 

 

Les téléspectateurs français peuvent se préparer à un grand moment de désinformation le jeudi 17 janvier 2019, en début de soirée, sur France 2 : « la Spéciale d'Envoyé » – dont on nous dit que c'est un « magazine d'information » – est consacré au glyphosate, autrement dit au Roundup... de Monsanto, maintenant Bayer.

 

Une séquence sera consacrée à « Monsanto, la fabrique du mensonge ».

 

 

Une « enquête » ? La régurgitation de ragots ?

 

Ce qui est présenté sur Le Blog TVNews comme une « enquête » a toutes les chances d'être une resucée des ragots répandus dans l'opinion publique, en particulier par la série des articles sur les « Monsanto Papers » publiée par le Monde. Que nous dit le site précité ?

 

« Monsanto, la firme américaine qui a inventé et commercialisé le glyphosate est dans le viseur de la justice. Des documents internes et confidentiels, les "Monsanto Papers", révèlent comment le géant industriel a créé le doute, prétendant que le glyphosate n’était pas dangereux et en faisant rédiger en secret par ses propres scientifiques des études soi-disant indépendantes. Des documents accablants qui ont convaincu les juges lors d’un procès retentissant aux Etats-Unis : celui de Dewayne Johnson, jardinier atteint d'un cancer, qui a fait condamner Monsanto à 289 millions de dollars ! Vous entendrez son témoignage en exclusivité. »

 

Il y a deux aguiches sur le site de FranceTVInfo, « VIDEO. Glyphosate : le jardinier qui a fait plier Monsanto se confie en exclusivité à "Envoyé spécial" » et « VIDEO. Glyphosate : quand un scientifique signe un article écrit à 85% par Monsanto ».

 

Nous sommes donc prévenus...

 

 

La séquence « émotion »

 

 

 

La première séquence doit nous prendre par l'émotion. Tous les ingrédients pour faire pleurer y sont.

 

Ainsi – et nous nous limiterons à deux éléments – M. Dewayne « Lee » Johnson « pouvait asperger plus de 500 litres de glyphosate par jour » en haute saison. Comme l'a relevé un commentateur sur le site de FranceTVInfo, « ça représente environ 500 hectares si l'on prend la dose usuelle d'un agri français »... avec un pulvérisateur portatif...

 

Et « la motivation de l'ancien jardinier est "tout sauf l'argent. Mon but, c'est d'établir les faits ». Le téléspectateur français n'apprendra probablement pas que M. Dewayne « Lee » Johnson a été « recruté » par un cabinet d'avocats prédateurs qui entend faire les poches – à son profit – à Monsanto.

 

 

La séquence « indignation »

 

 

 

La deuxième séquence nous offre une démonstration éclatante de la malhonnêteté qui préside à cette série d'émissions et – la preuve nous en est rapportée – à ce numéro « spécial ». Selon la transcription sur FranceTVInfo, il y a :

 

« Au club des honorables scientifiques ayant "prêté leur nom" à Monsanto, le professeur Henry Miller, un célèbre biologiste américain, chercheur à Stanford. »

 

Mais écoutez bien le début de la séquence : ce n'est pas « prêté », mais « vendu ». La nuance est de taille !

 

Verba volent, scripta manent... On prend des précautions dans l'écrit, mais on s'est lâché dans l'oral...

 

Et, bien sûr, les journalistes n'ont pas la moindre preuve que M. Henry Miller ait « vendu son nom » (voir ci-dessous, la tentative de lui faire dire combien il avait touché).

 

Du reste, s'il avait été question de services rémunérés, les « Monsanto Papers » en aurait certainement conservé une trace. On est donc là dans le registre de la diffamation et du mensonge.

 

Voici, en outre, le chapô de l'article de FranceTVInfo :

 

« Des scientifiques auraient œuvré en coulisse pour défendre l'innocuité du Roundup, un herbicide qui contient du glyphosate commercialisé par la multinationale Monsanto. La firme américaine aurait convaincu des chercheurs de signer des études qu'elle aurait elle-même en grande partie rédigées. Extrait de "La Spéciale d'Envoyé" consacrée au glyphosate. »

 

Trois conditionnels ! C'est ce qu'on appelle un « magazine d'information »...

 

Mais surtout, on essaie de faire accroire au public que des « études » auraient – nous remettons le conditionnel quoiqu'il échappera à de nombreux lecteurs de FranceTVInfo – été rédigées par Monsanto et signées par des scientifiques qui ont « prêté leur nom » (selon le texte) ou « vendu leur nom » (selon la vidéo).

 

La réalité : la séquence a trait à un article d'opinion publié dans Forbes.

 

 

Décidément, on ne sort pas des standards d'indécence

 

La séquence nous livre aussi un nouvel exemple de l'extraordinaire goujaterie qui est la marque de fabrique des émissions de Mme Élise Lucet : courir après une voiture... ne pas se présenter... poser des questions indiscrètes pour lesquelles on sait déjà qu'il n'y aura pas de réponse compte tenu de la muflerie... et conclure, satisfait :

 

« Combien le biologiste a-t-il gagné pour cet article "ghostwrité" ? Tristan Waleckx a fait le voyage jusqu'à sa banlieue chic de San Francisco... mais le professeur à la plume magique n'a "rien à dire". Comme Henry Miller, une dizaine de scientifiques suspectés de "ghostwriting" ont refusé de le rencontrer. »

 

Avec, bien sûr, les petites piques qui feront les délices des téléspectateurs qui s'arrêteront au premier degré : la banlieue est « chic », la plume est « magique »... Le tout témoigne d'un profond mépris pour la déontologie journalistique, pour le service public (mais que font la direction de France 2 et le CSA?) et les téléspectateurs.

 

 

Du journalisme totalitaire... ou du totalitarisme journalistique

 

« ...le professeur à la plume magique n'a "rien à dire" » ? Cela sonne comme si, pour les « journalistes », M. Henry Miller avait une obligation de répondre. Et de répondre à une question qui relève autant de la provocation que de l'inquisition.

 

On en est presque à : « Accusé, faites la preuve de votre culpabilité. » Ami lecteur, vous avez le choix des références historiques...

 

Et, bien sûr, « Comme Henry Miller, une dizaine de scientifiques suspectés de "ghostwriting" ont refusé de le rencontrer »... Comme si les scientifiques « suspectés » allaient accueillir nos Pieds Nickelés bras ouverts...

 

Mais l'essentiel n'est-il pas de duper le téléspectateur ? Ils ont refusé... donc ils ont quelque chose à cacher... donc nous avons raison de les mettre en cause... donc nous avons prouvé...

 

 

« Envoyé Spécial », la fabrique de quoi ?

 

La séquence s'intitule « Monsanto, la fabrique du mensonge ». Nous verrons si ces gens feront la démonstration du mensonge – à l'indicatif et pas au conditionnel.

 

Nous sommes à peu près certains que pas un mot ne sera dit sur le volet des « Monsanto Papers » que d'aucuns appellent le « CIRC-gate » et les « Portier Papers ».

 

Pour le moment, au vu des deux séquences diffusées, on en est au moins à « Envoyé Spécial, la fabrique du doute ».

 

Quoique... entre le doute suscité et le mensonge proféré, la limite est floue.

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I
La vérité fait déjà vomir les lobbyistes prescripteurs de PESTICIDES POISONS comme le GLYPHOSATE.<br /> la promotion de POISONS est et demeure un acte purement criminel !<br /> Les promoteurs de glyphosate tombent par conséquents sous le coup d'un crime contre l'humanité et aurons un jour ou l'autre des comptes à rendre sur le sujet.
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M
Mon cher Seppi vous ne devriez pas censurer ces messages, même et surtout injurieux, les lire est une bouffée d'air frais, on se sent tout de suite ragaillardi et plus intelligent par comparaison et on pense à Einstein qui disait (ça n'est peut-être pas lui mais on ne prête qu'aux riches): "deux choses sont infinies, l'univers et la bêtise humaine, quoique pour l'univers il m'arrive d'avoir des doutes"
S
Je ne remercie pas ce harceleur dont je maintiens exceptionnellement la bouse puisque d'autres commentateurs se sont pris la peine de répondre, et je les en remercie.<br /> <br /> J'ai en revanche mis à l'écart une partie du ping pong.
Y
c'est la bêtise humaine dont profitent des "lucet "ou autre menteurs sans vergognes qui tue le monde. Et cela grâce au faibles d'esprit prêt, par incompétence/bêtise /ignorance / stupidité a croire toutes les conneries qu'ils racontent. Si la situation ne devenait pas si dramatique on finirait par dire que "vous le méritez bien"
E
Prend ton cachet de lexomil et retourne te coucher mon z'ami .<br /> Let's break
E
Bah , c'est du Elise Lucet .<br /> Non moi par contre ce qui m'embête (pour être gentil) c'est que je paye ma redevance au service public <br /> Et là , bien comment dire , je suis pas d'accord que mon argent parte dans des émissions orientées ,<br /> mais alors vraiment pas .<br /> Mais personnellement je vois bien une bonne campagne de désinformation suivie d'un vote populaire <br /> via le RIC comme ça notre gouvernement aura les mains blanches sur ce dossier .
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Je suppose que vous parliez du CSA. Il a, me semble-t-il, un pouvoir de sanction assez large. Mais, ce n'est pas comme pour la pile Wonder : il s'use quand on ne s'en sert pas...
J
et bien le CAS ne protège pas contre la désinformation, ça n'est pas sa mission... pas plus que la justice puisque la manipulation d'opinion n'est pas un délit<br /> d'après la page wikipedia (en bas) c'est une commission paritaire qui a un pouvoir de sanction... commission dont la saisine est interne à la chaine de télévision. Le désinformation n'a pas fini de prospérer
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Peut-être faut-il actionner davantage le médiateur et le CSA…<br /> <br /> Quant au RIC… on peut imaginer les sujets et les niveaux de désinformation que l'on atteindra.
M
Pour la première fois j'ai peur pour l"avenir, que les politique accélères des prises de décision purement idéologique en se sentant obliger de suivre une opinion fabriquer par une menteuse en mal de notoriété.<br /> Apparemment il ne compte pas dire que le Sri lanka à ré autorisé le glyphosate https://www.liberation.fr/planete/2019/01/14/une-soiree-plateau-tele-au-glyphosate-ca-vous-tente_1701660.
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S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> Non, ils l'ont finalement dit, mais en laissant entendre que ce n'est que pour les plantations de thé et d'hévéas, ce qui est peut-être vrai, peut-être faux. Le dernier document officiel semble être la levée de l'interdiction signée par le Registraire des pesticides, sans limitation. Mais il y a les jeux politiques et les manœuvres administratives…<br /> <br /> Et je partage vos craintes sur les politiques qui suivent les faiseurs d'opinion. En fait, on y est déjà en plein.<br /> <br />
S
Bonjour,<br /> <br /> Merci pour votre commentaire.<br /> <br /> J'ai dépassé le stade de la peur… je suis convaincu que M.Emmanuel Macron n'ait pas besoin des faiseurs d'opinion pour agir : ses interventions sur le glyphosate montrent à mon sens qu'il est irrationnel sur le sujet de l'agriculture.<br /> <br /> Quant au Sri Lanka, si d'aventure ils admettent que le glyphosate est de nouveau autorisé, ce sera, nous dira-t-on, à cause du lobbying de Monsanto… cf le blog de MMR.