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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Produits phytosanitaires : incohérences politiques et politiciennes

20 Mars 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Politique, #Pesticides, #Agriculture biologique

Produits phytosanitaires : incohérences politiques et politiciennes

 

Le Ministère de l'Agriculture autorise un perturbateur endocrinien

 

 

 

 

Alors que sévit en France une véritable hystérie anti-pesticides – y compris dans les plus hautes sphères de la République, en témoigne la « sortie » (une sortie de route...) de M. Emmanuel Macron lors de sa visite au Salon International de l'Agriculture –, le Ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation vient d'accorder, notamment, une dérogation de 120 jours pour l'utilisation du Nemazal T/S, un produit à base d'azadirachtine issue du margousier ou neem (Azadirachta indica).

 

 

Le produit est autorisé sur pommier et poirier pour la lutte contre les pucerons, et ce, dans le cadre de préconisations d'emploi draconiennes, bien plus exigeantes que celles applicables aux produits qui, tel le glyphosate, sont la cible des hystériques velléités d'interdiction.

 

La dérogation a été demandée par... l'Institut Technique de l'Agriculture Biologique (ITAB).

 

Ce n'est pas nouveau... ces « dérogations » finissent par devenir des autorisations permanentes en pointillés (six mois in, six mois out). Et ce, pour une substance qui a été approuvée au niveau européen grâce à un extraordinaire lobbying des milieux de l'agriculture biologique, malgré ses risques et les incertitudes, et pour laquelle il n'y a pas d'autorisations d'usage en France.

 

Et, bien sûr, la dérogation n'est pas mentionnée sur le site ephy de l'ANSES (dont nous dénoncerons à nouveau l'indigence de la conception et son absence de convivialité).

 

Nous avions commis l'année dernière « Un pesticide perturbateur endocrinien et dangereux pour les abeilles autorisé à la demande du secteur du bio... et personne ne proteste ! » Cet article reste d'actualité.

 

Rappelons que l'azadirachtine, en tant que telle, ne nous pose pas de problème particulier. De nombreuses substances présentent un danger (à commencer par bien des produits d'entretien, voire de soin du corps et cosmétiques), mais leur utilisation selon les préconisations d'emploi n'entraîne aucun risque, ou un risque limité et acceptable. Ce qui importe au bout du compte, c'est un rapport bénéfice-risque favorable, plaidant pour l'usage.

 

Et, dans le cas d'une dérogation, d'un rapport bénéfice-risque acceptable par rapport aux alternatives. Cette analyse a-t-elle été faite ? Ou a-t-on accordé la dérogation au seul motif que l'agriculture biologique – une forme de production agricole fondée non pas sur la science, mais des dogmes – ne dispose d'aucune alternative (efficace) ?

 

Ce qui nous importune, en revanche, c'est le « deux poids, deux mesures », l'incohérence politique et politicienne.

 

Nos gouvernants accordent une dérogation pour le Neemazal T/S – pour lequel le distributeur français ne demande pas d'autorisation de mise en marché en bonne et due forme (pourquoi le ferait-il ?) –, mais veulent se faire la peau du glyphosate, indispensable dans certaines situations et sans alternative crédibles dans la majorité des cas (n'en déplaise aux grands pontes communicants de l'INRA). Nos gouvernants accordent... (bis), et le précédent ministre de l'agriculture – un « formidable ministre de l'Agriculture » pour le journaliste Périco Légasse, c'est dire... (Albert Amgar scribit) – a refusé la dérogation pour l'emploi du diméthoate sur cerisier pour lutter contre la mouche Suzuki, alors que c'est le seul produit efficace. Nos chers députés de la précédente majorité ont eu la peau de l'ensemble des néonicotinoïdes à compter du 1er septembre 2018...

 

Ils sont en train de faire la peau de l'agriculture française, et peut-être même européenne.

 

Ce qui nous importune aussi, c'est le double-langage du biobusiness dont la profession demande des dérogations pour utiliser des produits phytosanitaires au profil toxicologique et environnemental – comparativement – désastreux et dont le lobby fondamentaliste et ses supplétifs propagent dans le public l'idée du « Zéro phyto 100% bio ».

 

Avons-nous écrit « des dérogations » ? La profession du bio a aussi obtenu des dérogations pour Curatio, sans AMM en France. C'est un produit à base de polysulfure de carbone. Il ne nous semble pas que cette molécule soit une « substance naturelle »...

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