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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Des nouvelles de l'actualité de Listeria...

15 Mars 2018 , Rédigé par Seppi Publié dans #Albert Amgar, #Santé publique

Des nouvelles de l'actualité de Listeria...

 

Albert Amgar*

 

 

Alors qu’en Afrique du Sud, il était question de « listeria hysteria » (comme chaque fois qu'une épidémie survient...) selon un participant d’un workshop sur la listériose organisé par la South African Association of Food Science and Technology (SAAFoST) à Johannesburg le mercredi 14 février 2018, en raison d’une importante épidémie de listériose dont on n’avait pas encore trouvé l’origine de la contamination, c’est donc désormais l’heure des bilans et des rappels de produits en série… mais aussi des responsabilités…

 

Il a été rapporté au 8 mars 2018, 967 cas de listériose confirmés en laboratoire par le NICD dans toutes les provinces depuis le 1er janvier 2017. À ce jour, 749 cas ont été signalés en 2017 et 218 cas en 2018 et un total de 183 décès liés semble-il à des produits transformés de viande prêts à être consommés en l’état de chez Tiger Brands. Il s’agirait de la plus grande épidémie de listériose jamais connue à ce jour…

 

A une moindre échelle, début mars 2018, en Nouvelle-Galles du Sud (Australie), quatre décès et 13 personnes ont été malades en raison de la consommation de melons cantaloups (produit déjà à l’origine de cas de listériose aux Etats-Unis en 2011, 33 décès et 141 personnes malades) contaminés par Listeria

 

Côté France, en 2017, selon le site privé Oulah!, qui n'est pas exhaustif mais qui s'améliore, le nombre d'avis de rappel de produits alimentaires a été de 189. Concernant Listeria, 37 avis de rappels, soit 19,6% pour cause de la présence de Listeria monocytogenes, ce qui en fait la cause la plus élevée de rappel de produits alimentaires en 2017.

 

En 2018, à la date du 14 mars, il y a eu déjà 57 avis de rappel de produits alimentaires, dont 12 (21 %) pour cause de la présence de Listeria, mais aussi 11 (19 %) avis de rappel pour cause de présence de norovirus (coquillages)…

 

Rappelons que selon une étude de l'InVS de 2018, 

 

Les infections à Salmonella spp. et Listeria monocytogenes représentent la moitié des décès d’origine alimentaire.

 

L. monocytogenes n’est pas un agent pathogène fréquent (moins de 0,1% des cas d’origine alimentaire), mais se classe 2e en nombre de décès (65 cas décédés, soit 25% du nombre total de décès d’origine alimentaire).

 

Comme on le voit, Listeria est toujours bien présent dans l’actualité mais aussi avec cette récente étude scientifique in silico

 

« Une recherche à l’aide de modèles informatiques découvre des composés qui pourraient réduire la virulence de Listeria », source communiqué de la North Carolina State University du 12 mars 2018.

 

Dans une étude de preuve de concept, des chercheurs de la North Carolina State University ont identifié de nouveaux composés qui pourraient être efficaces pour contenir la virulence, ou la capacité à produire une maladie, chez Listeria, une bactérie bien connue qui peut causer une grave intoxication alimentaire et même le décès.

 

Les Listeria sont des bactéries que l'on trouve le plus souvent dans le sol. L’Homme entre en contact avec Listeria par l'intermédiaire de la viande ou de produits laitiers contaminés et peuvent contracter la listériose, qui peut entraîner une maladie grave ou la mort – en particulier chez les très jeunes personnes, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées.

 

Denis Fourches, professeur de chimie computationnelle (ou chimie numérique ou informatique), chercheur en postdoc chez Melaine Kuenemann et Paul Orndorff, professeurs émérites de microbiologie, savait que l'inhibition d'une enzyme particulière de Listeria, connue sous le nom de glucose-1-phosphate uridylyltransférase (GalU), entraînait des modifications importantes de la surface cellulaire. Ces modifications chimiques rendaient Listeria beaucoup moins virulent, en d'autres termes, moins susceptible de provoquer la maladie.

 

Les chercheurs ont porté leur attention sur l'identification de composés potentiels qui pourraient inhiber la fonction de la GalU. Utilisant des ordinateurs et des méthodes de chimie informatique, ils ont caractérisé, analysé et criblé pratiquement plus de 88 000 composés ayant le potentiel d'inhiber GalU. Des modèles informatiques ont trouvé que 37 composés étaient prometteurs afin d'être testés in vitro. Sur les 37, trois ont été jugés suffisamment efficaces pour justifier une étude plus poussée, bien que beaucoup d'autres composés moins actifs aient fourni des informations clés sur la façon dont leurs structures chimiques se rapportent à leur activité inhibitrice de la fonction de l'enzyme.

 

« Nous pouvons déduire plusieurs relations structure-activité prédictives basées sur ces 37 composés et ces relations nous aideront à concevoir des composés inhibiteurs de GalU encore plus efficaces », a dit Fourches. « Nous prévoyons d'utiliser nos ordinateurs pour générer virtuellement des milliers de nouveaux analogues, les sélectionner virtuellement et sélectionner un autre lot de 50 molécules à tester expérimentalement à l'avenir. C'est une véritable recherche à l'interface des disciplines. »

 

Fait intéressant, inhiber GalU a également servi à rendre Listeria plus vulnérable au céfotaxime, un antibiotique auquel les bactéries sont naturellement résistantes.

« Bien que notre objectif ultime soit de nous éloigner complètement des antibiotiques, à court terme, la sensibilité aux antibiotiques ouvre la possibilité de thérapies combinatoires qui pourraient inclure un inhibiteur de la GalU et un antibiotique connu tel que le céfotaxime », explique Orndorff. « En fin de compte, nous croyons que si l'inhibiteur de la GalU est suffisamment efficace, l'hôte (humain ou animal) devrait être capable d'éliminer la population de Listeria sans antibiotiques. Pour les agriculteurs qui travaillent dans des élevages sans antibiotiques, cela pourrait être une merveilleuse solution. »

 

« Cette étude de preuve de concept montre que de petites molécules peuvent effectivement être développées pour arrêter l'activité d'une enzyme bactérienne spécifique, conduisant à la suppression de la virulence », dit Fourches. « C'est clairement une nouvelle voie pour combattre les bactéries résistantes aux antibiotiques. »

 

La recherche a été publiée dans Molecular Informatics.

 

Last but not the leaston apprenait qu’une nouvelle espèce du genre Listeria venait d’être découverte, Listeria costaricensis sp

 

Il s’agit d’une souche bactérienne isolée à partir d'un collecteur d’eux usées dans une usine de transformation alimentaire au Costa Rica qui remplissait les critères d'appartenance au genre Listeria, mais ne pouvait être attribuée à aucune des espèces connues. Une vidéo de présentation de Listeria costaricensis est proposée ici.

 

______________

 

* Albert Amgar a été pendant 21 ans le dirigeant d'une entreprise de services aux entreprises alimentaires ; il n'exerce plus aujourd'hui, car retraité, mais au travers de son blog (quand il s'y remettra...), vous livre des informations dans le domaine de l’hygiène et de la sécurité des aliments. En attendant qu'il s'y remette, je l'accueille avec plaisir.

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