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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Glypho-nicotinoïdes et« Junck-science » : qui est vraiment derrière la réglementation communautaire sur la sécurité des aliments ? »

14 Mai 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Glyphosate (Roundup), #Perturbateurs endocriniens, #Union européenne, #Politique, #Activisme

Glypho-nicotinoïdes et « Junck-science » : qui est vraiment derrière la réglementation communautaire sur la sécurité des aliments ? »

 

Risk-monger*

 

 

Résultat de recherche d'images pour "juncker commission"

 

 

Dans ce texte, M. Zaruk avance l'hypothèse – avec de très bonnes raisons – que la faillite actuelle de la réglementation communautaire en matière risques pour la santé et l'environnement des produits phytopharmaceutiques est due à des manœuvres de M. Jean-Claude Juncker, Président de la Commission. M. Zaruk aurait sans nul doute pu allonger son texte avec les tergiversations sur les autorisation de mise en culture d'OGM, les perturbateurs endocriniens...

 

Soyons réalistes : la Commission est confrontée à des manœuvres des États membres qui s'ingénient à ne pas dégager de majorité qualifiée – pour ou contre – les propositions de la Commission ; ils la mettent ainsi dans l'obligation de « porter le chapeau » pour des décisions impopulaires (souvent rendues impopulaires par le populisme et la démagogie de certains ministres...). Et donc, plutôt que d'affronter ses responsabilités, M. Juncker, ou peut-être la Commission dans sa majorité, emploie des expédients pour repousser le moment fatidique.

 

Le « Junck-science » du titre est un jeu de mots. La « junk science » (sans « c »), c'est la « science poubelle ». Avec le « c », c'est la science poubelle de M. Juncker.

 

 

Lorsque des décideurs politiques rationnels et scientifiques prennent des décisions irrationnelles, il y a généralement quelque chose qui se passe dans les coulisses : un lobby influent ou un intérêt particulier, un jeu de pouvoir ou un conflit personnel. Cela semble être la situation dans la Commission Européenne, où une série de positions politiques sur les approbations de pesticides sont si illogiques et si dénuées de bon sens qu'elles en sont risibles, si ce n'était les conséquences terribles pour les agriculteurs et les consommateurs européens.

 

Ce billet examinera l'incapacité de l'UE à mener une politique rationnelle sur le glyphosate et les néonicotinoïdes et posera une question simple : qui ou quoi empêche des scientifiques sensés et logiques de prendre des décisions évidentes ? Il s'agit d'une enquête sur la germination du Stupide.

 

 

Un conte de deux Stupides

 

Résultat de recherche d'images pour "les deux ânes" Les lecteurs réguliers de ce blog savent que j'ai entrepris d'écrire un livre, il y a 18 mois, intitulé « Comment gérer le Stupide » et que j'en ai publié les deux tiers sous forme de série jusqu'à ce que je tombe sur deux études de cas sur le Stupide : la mauvaise gestion par l'UE de la ré-autorisation de la substance glyphosate et l'interdiction de précaution, promulguée en 2013, de trois néonicotinoïdes afin de « sauver les abeilles ». Environ 40 articles plus tard, je suis encore fasciné par le fait que des gens intelligents puissent faire avancer de telles idées stupides. Je pense avoir trouvé la réponse.

 

Voici quelques brefs points sur la logique de la folie dont souffre Bruxelles.

 

 

Sur le glyphosate (sources)

 

  • Résultat de recherche d'images pour "affiche présentation projet" Le glyphosate est le principal ingrédient actif d'herbicides populaires comme le Roundup de Monsanto ;

  • Il est sur le marché depuis plus de 40 ans, et tombé dans le domaine public (hors brevet) ; il est peu coûteux et toujours très efficace ;

  • Il a une toxicité très faible (DL50 de 5.600 mg/kg de poids corporel) – beaucoup moins toxique que des substances chimiques habituellement présentes dans le café ou les biscuits ;

  • Il a un faible impact sur l'environnement, se lie bien aux particules du sol (migre peu) et se décompose en quelques jours ;

  • Il est largement utilisé dans l'agriculture de conservation, permettant aux agriculteurs de mieux gérer leur sol en sans labour et avec des cultures de couverture complexes ;

  • Certaines semences GM sont résistantes au glyphosate, ce qui fait disjoncter les activistes d'ONG, au point de les inciter à mentir volontairement et à répandre la peur et l'incertitude sur le glyphosate afin de rendre l'agriculture avec la technologie GM moins attrayante (mais des entreprises comme Monsanto ont breveté des alternatives au glyphosate et ne seraient pas trop tristes de voir disparaître cette substance peu coûteuse) ;

  • L'Environmental Defense Fund a envoyé un scientifique militant, Christopher Portier, travailler avec le CIRC et se faire le « co-auteur » d'une monographie fondée sur les dangers, plutôt que sur les risques, suggérant que le glyphosate peut causer le cancer ;

  • Aucun autre organisme scientifique n'a fait siens les arguments de peu de poids de Portier et du CIRC (et même les auteurs dont les publications ont été utilisées par le CIRC ont récusé la science militante du CIRC) ;

  • Les trois organismes scientifiques de l'UE chargés d'étudier la sécurité du glyphosate après la publication du rapport du CIRC (BfR, EFSA et ECHA) ont rejeté sans ambages les conclusions et le comportement du CIRC ;

  • Les ONG, dirigées par Portier, ont mené une campagne d'alarmisme impressionnante (financée en grande partie par le lobby du bio) et ont réussi à transformer le renouvellement d'une substance anodine en un champ de mines politique ;

  • Les conséquences sur l'agriculture de l'UE d'une interdiction du glyphosate sont inimaginables, mais personne à Bruxelles ne semble défendre les intérêts des agriculteurs ;

  • Après le « scandale » factice des Monsanto Papers, le Commissaire Andriukaitis a laissé entendre qu'il pourrait rouvrir l'évaluation du glyphosate, malgré les assurances de ses scientifiques de l'EFSA et du BfR selon lesquelles les allégations d'ingérence portées contre Monsanto sont dénuées de fondement.

 

 

Sur les néonicotinoïdes (sources)
 
  • En raison d'une combinaison de facteurs environnementaux, pratiques et économiques, il y a plus d'une décennie, certaines régions (notamment la Californie) ont vu une augmentation du déclin des abeilles et du syndrome d'effondrement des colonies ;

  • La plupart des scientifiques ont conclu que la principale cause était la montée d'un acarien, Varroa, exacerbée par les changements dans l'utilisation des terres et l'augmentation du nombre des apiculteurs de loisirs avec de faibles compétences apicoles ;

  • Des ONG et un groupe de scientifiques militants (dont beaucoup n'ont pas de formation en entomologie) se sont réunis dans un Groupe de Travail de l'UICN sur les Pesticides Systémiques dans le but proclamé de trouver de quoi instrumentaliser le déclin de la santé des abeilles pour mener une campagne contre les néonicotinoïdes ;

  • Plusieurs scientifiques militants affiliés à des ONG anti-pesticides ont été fortement impliqués dans le Groupe de Travail de l'EFSA sur l'Évaluation des Risques pour les Abeilles qui a rédigé le projet de document d'orientation pour les abeilles de 2013, lequel établit des lignes directrices sur la manière de conduire des essais sur le terrain ;

  • Le document d'orientation pour les abeilles reste un projet, rejeté par la plupart des États membres européens, car ses paramètres pour des tests de terrain valables sont ridiculement impraticables ;

  • L'EFSA est consciente du fait que des experts impliqués dans la production de ce document d'orientation avaient des liens avec des ONG qui répondent à la qualification de conflits d'intérêts ;

  • Sur la base du projet de document d'orientation, l'EFSA n'a pu prendre en compte aucune des données d'essais sur le terrain qui montraient peu ou pas d'effets sur les pollinisateurs en contact avec des plantes traitées aux néonicotinoïdes et n'a pu que conclure à une insuffisance des données ;

  • Menée par Éric Poudelet, directeur de l'Unité des Pesticides dans ce qui était alors connu comme la DG Sanco (lui-même apiculteur amateur et chéri des ONG environnementales), la Commission Européenne a adopté une interdiction de précaution de trois néonicotinoïdes en 2013, en un temps record de deux mois ;

  • Étant donné que le document d'orientation pour les abeilles n'a pas été formellement approuvé (et ne l'est toujours pas), trois fabricants de pesticides saisi la justice contre la Commission Européenne ;

  • La Commission a promis d'examiner l'interdiction de précaution au bout de deux ans. Le Commissaire de la DG Santé, M. Andriukaitis, est allé jusqu'à dire que l'interdiction des néonicotinoïdes n'avait rien à voir avec la santé des abeilles (peut-être que ses avocats lui ont fait dire cela) ;

  • Andriukaitis a retardé sa décision sur ce qu'il convenait de faire et décidé d'attendre que le Centre Commun de Recherche de la Commission (CCR) ait publié (ce fut fait fin 2016) l'étude qu'il avait commandée pour voir si les agriculteurs subissaient un préjudice du fait de l'interdiction de précaution des néonicotinoïdes ;

  • L'étude du CCR montre que les agriculteurs de l'ensemble de l'UE dépensent plus d'argent et de temps, en utilisant des volumes beaucoup plus importants de pesticides plus anciens pour lutter contre les infestations d'insectes sur le maïs, le tournesol et le colza, et qu'ils obtiennent des rendements plus faibles, tout cela sans que l'état des populations d'abeilles se soit amélioré ;

  • La Commission Européenne a choisi de ne pas publier cette étude financée sur fonds publics, même après que le CCR a présenté ses conclusions au Parlement Européen. Politico a divulgué le document ici.

 

De toute évidence, seuls des imbéciles mal intentionnés, des idéologues fanatiques ou des individus moralement corrompus appuieraient des mesures réglementaires contre le glyphosate ou les néonicotinoïdes. Les groupes militants comme Friends of the Earth, Pesticide Action Network et Corporate Europe Observatory reçoivent des fonds du lobby du secteur des produits biologiques, ce qui nous permet de comprendre leur motivation, qui n'est pas sans rappeler celle des créationnistes, pour répandre la peur et les mensonges sur le glyphosate et les néonics. Mais j'ai du mal à croire que des fonctionnaires de la Commission Européenne, dont beaucoup sont des scientifiques, puissent être aussi stupides.

 

Plus j'analysais cette déconnexion entre les faits et le sens commun d'un côté et une constipation de la politique de l'UE de l'autre, plus je réalisais que les personnes intelligentes occupant des postes dans des agences de l'UE comme l'EFSA et l'ECHA, ou le CCR, ou encore la DG Santé n'ont pas été autorisées à prendre des décisions issues d'un esprit sain. Qui était dès lors responsable pour les catastrophes politiques insolites, que ces pauvres personnes bien éduquées sont maintenant obligées d'assumer (… jusqu'à ce qu'elles puissent restaurer leur intégrité malmenée et passer à des occupations plus gratifiantes) ?

 

 

La bombe du sucre

 

Si vous avez pensé, à partir de l'analyse ci-dessus, que le Stupide est hors de contrôle au sein de la Commission Européenne... eh bien ... accrochez-vous ! Le mois dernier, le Pesticide Action Network a divulgué un document interne de la Commission Européenne décrivant une intention d'étendre l'interdiction des néonicotinoïdes actuellement restreintes aux cultures comme le maïs, le tournesol et le colza à toutes les applications des néonicotinoïdes, cultures sous serre exceptées (voir ici le projet de proposition de la Commission Européenne qui a fuité). La Commission Européenne prétend dans ce projet que les abeilles sont menacées (ce qui est faux selon les propres données de recherche de la Commission) et qu'il existe des lacunes dans les données pour la recherche sur les néonics (la raison en est l'utilisation du document d'orientation pour les abeilles non approuvé, conçu par des activistes anti-pesticides pour rejeter la recherche la plus légitime).

 

Une telle interdiction totale des usages agricoles des néonicotinoïdes porterait sur environ un tiers des insecticides utilisés aujourd'hui dans l'UE et, de manière importante, éliminerait les principaux moyens de protéger de nombreux produits de base comme les pommes de terre et les betteraves sucrières contre les infestations d'insectes. Ce sont en grande partie des cultures ne produisant pas de fleurs, de sorte que les risques pour les abeilles sont minimes. Les options pour la protection des betteraves à sucre, par exemple, étant limitées (et, contrairement à leurs collègues des États-Unis, les agriculteurs européens ne peuvent pas profiter des avantages des betteraves sucrières GM... un autre fiasco réglementaire), une telle interdiction aura des conséquences importantes pour tous les Européens, des agriculteurs aux consommateurs.

 

Tout d'abord, de nombreux agriculteurs retireront simplement les betteraves sucrières de leurs rotations. À mesure que le colza est lentement sorti des rotations européennes (en raison de l'augmentation constante des attaques de grosse altise et des pertes de rendement), les agriculteurs disposeront de moins d'options pour préserver et restaurer la fertilité des sols. Ajoutez à cela la diminution prévue des rendements de la betterave à sucre et nous pouvons nous attendre à une pénurie et à de fortes hausses des prix affectant une grande partie de la production alimentaire européenne. Je me demande si l'industrie agroalimentaire européenne pourrait vouloir corriger sa myopie, sortir de son sommeil habituel et commencer à prendre au sérieux les tensions dans le reste de la chaîne alimentaire.

 

Les fonctionnaires de la DG Santé ont-ils réellement consulté les fabricants européens de produits alimentaires avant de s'aventurer sur cette voie du Stupide ? Une étude d'impact aurait peut-être été une bonne idée. Je suis sûr que ce non-sens sera corrigé lorsque les majors de l'industrie agroalimentaire s'agiteront. Mais, qui sait, compte tenu des ruptures de continuité dans la coordination de la chaîne alimentaire, ils auront peut-être dormi pendant que se fabriquaient d'autres bombes à retardement agricoles.

 

Le choc pour la production européenne de sucre provoqué par cette extension de l'interdiction des néonics complètement inutile n'affecterait pas seulement les agriculteurs, leurs pratiques de gestion des sols et les consommateurs européens, mais conduirait aussi à une autre recherche inutile d'alternatives. Les autres options de protection des cultures impliquent des technologies plus anciennes et moins efficaces (et n'oublions pas que le recours excessif à une technologie risque d'augmenter la résistance des ravageurs). La recherche de sources alternatives de sucre entraînera vraisemblablement une plus grande production de canne à sucre en Afrique (d'accord, ce sera certainement mieux pour l'environnement !), avec à la clé une perturbation de l'allocation des terres et de la production alimentaire africaine, menant évidemment à des tensions accrues sur la sécurité alimentaire – en d'autres termes, une augmentation de la faim.

 

Ceci, c'est le Stupide à une échelle jamais vue par les historiens de la réglementation ; la Commission Européenne devrait avoir honte de son comportement brutal et négligent. Tout le monde va souffrir d'une décision politique qui se moque des faits, de la science de base et du bon sens.

 

  • Les entreprises agroalimentaires européennes ne seront plus en mesure de produire ou d'affronter la concurrence mondiale ;

  • Les agriculteurs manqueront de solutions pour une gestion durable des sols et une agriculture rentable ;

  • L'environnement souffrira de la nécessité d'utiliser de grandes quantités de pesticides moins efficaces ;

  • Les ravageurs se développeront à mesure qu'ils deviendront plus résistants aux insecticides moins nombreux et moins efficaces encore à la disposition des agriculteurs ;

  • Les abeilles souffriront de la généralisation des traitements avec des produits chimiques plus nocifs pour elles (mais avec l'interdiction des néonics, il ne s'agissait pas des abeilles, soyons clairs) ;

  • L'économie européenne va s'affaiblir grâce à l'augmentation des coûts des denrées alimentaires importées, des coûts accrus pour l'agriculture et des rendements plus faibles ;

  • Le consommateur européen paiera le prix à la caisse du supermarché ainsi que par la perte d'emplois dans l'industrie agroalimentaire.

 

Rien à cirer ?

 

La politique européenne en matière de pesticides, évidemment cornaquée par des activistes, n'est pas seulement devenue une catastrophe économique, sociale et environnementale, mais aussi une catastrophe morale. Mais que diable se passe-t-il ici ?


 

Qui dirige ce Stupide de première classe ?
 

Résultat de recherche d'images pour "royal glyphosate" D'où vient tout ce Stupide de première classe ? J'ai parfois pensé que Ségolène Royal dirigeait la politique de l'UE en matière de santé et d'environnement... mais cela ferait ressembler la Commission Européenne à un tas de sombres idiots. J'ai trop de respect pour eux pour tirer cette conclusion (et la royale Ségolène devra bientôt chercher un nouveau job d'importance... peut-être dans une agence des Nations Unies [ma note : c'est, au moins pour le moment, raté – à la grande satisfaction de l'onusien, sensu lato, que je fus...] ?). Ensuite, j'ai supposé que les enfants vieillissants du Flower Power de l'Agence Européenne de l'Environnement tiraient secrètement les ficelles, mais la production de Copenhague montre qu'ils ont réussi à se rendre insignifiants et indignes de notre confiance. Non, cette dernière éruption de Stupide devait venir d'ailleurs. Mais d'où ?

 

Depuis la bombe du sucre, j'ai demandé à des gens bien informés d'où les fonctionnaires de la Commission Européenne recevaient leurs informations. C'est simple : aucune personne raisonnable ne prendrait une situation d'échec politique comme l'interdiction de précaution des néonics pour la porter à un niveau supérieur, abolir complètement une agro-technologie et ruiner l'agriculture européenne. Qui donne des conseils aux fonctionnaires de l'UE et qui mène la barque sur la politique de sécurité alimentaire de l'UE ?

 

C'est ici que nous apprenons d'où ces conseils stupides ne viennent pas :

 

 

  • Bernhard Url, le responsable de l'Autorité Européenne de Sécurité des Aliments, l'EFSA, s'est copieusement lavé les mains à propos des deux actes honteux et scandaleux d'irresponsabilité réglementaire. Sur le glyphosate, Url a fustigé les bouffonneries pseudo-scientifiques des activistes comme Christopher Portier (sa célèbre sortie sur l'Âge Facebook de la Science) et le comportement irresponsable de la machine de lobbying déjanté du CIRC. Sur les néonicotinoïdes, il a récemment reconnu dans un discours au Parlement européen que le projet de document d'orientation pour les abeilles (qui n'est pas formellement accepté) n'a été utilisé par l'EFSA que parce que quelqu'un de la Commission Européenne le lui a demandé. Donc, Url sait que les lignes directrices pour les données d'essais de terrain validés sont inutilisables, et dit qu'il est obligé de les utiliser. Aïe !

 

 

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  • Le Commissaire de la DG Santé, Andriukaitis, a essayé plusieurs fois de faire adopter une extension du glyphosate et a même essayé d'acheter du temps en envoyant le glyphosate à l'Agence Européenne des Produits Chimiques pour donner à la substance la légitimité supplémentaire dont elle avait besoin pour que le dossier aboutisse (je l'espère, après l'éviction de Ségolène Royal, et celle de Sigmar Gabriel à l'issue des prochaines élections en Allemagne). En ce qui concerne les néonics, Andriukaitis est allé jusqu'à demander au CCR de produire des données pour montrer le préjudice dont souffrent les agriculteurs du fait de l'interdiction de 2013 (supposément pour qu'il ait un moyen d'abolir l'interdiction et de revenir à la raison).

 

  • Le Centre Commun de Recherche de la Commission Européenne a été tout à fait clair : les néonicotinoïdes sont moins dangereux que les autres options que les agriculteurs ont été forcés d'utiliser ; l'interdiction nuit aux agriculteurs, leur faisant perdre du temps et de l'argent et nuisant à l'environnement sans pour autant améliorer la santé des abeilles. Si jamais vous voulez voir un constat clair de bourde réglementaire, l'étude du CCR sur les effets de l'interdiction des néonicotinoïdes est une référence !

 

  • L'Agence Européenne des Produits Chimiques a été chargée de fournir un avis décisif sur la sécurité du glyphosate. La Commission a donné 18 mois à ses meilleurs scientifiques de la réglementation sur les produits chimiques pour produire leur avis – ils n'ont eu besoin que de la moitié de ce délai pour répondre avec une déclaration d'une retentissante clarté : « le glyphosate est sûr ». Fin de la discussion !

 

Donc, si tous les scientifiques de la Commission Européenne se sont alignés du côté de la raison et des faits sur le glyphosate et les néonicotinoïdes, où est le problème ? Pourquoi la Commission Européenne n'a-t-elle pas pu avancer de manière logique, renouveler l'autorisation du glyphosate et lever la désastreuse interdiction des néonicotinoïdes ? Cela ne peut pas être dû à une influence décisive des activistes des ONG. Bruxelles est peut-être bien un cirque, mais je ne pense pas qu'il est dirigé par les clowns. Alors, qui a lancé la politique de l'UE en matière d'agriculture, de santé et d'environnement sur la pente du Stupide ?

 

 

Le poisson pourrit par la tête

Je commençais à manquer de sources légitimes sur qui pouvait être derrière la dernière manifestation de Stupide quand, peu de temps après la fuite de la bombe du sucre, le Président de la Commission Européenne, Jean-Claude Juncker, a laissé tomber une bombe d'incrédulité (rapportée par Politico) :

 

« "Je suis l'ami le plus connu des abeilles au Luxembourg", a fièrement déclaré le Président de la Commission Européenne à son équipe de Commissaires mercredi, selon des sources présentes dans la salle, quelques heures seulement avant que le Royaume-Uni ne signifie officiellement à l'UE son intention de quitter le bloc. [...] Quelques jours avant la demande de Juncker de sauver les pollinisateurs assiégés en Europe, le Président de la Commission avait fait savoir son déplaisir devant les fuites dans la presse des projets de propositions visant à interdire les pesticides soupçonnés de tuer des abeilles. »

 

Est-il possible que le Président de la Commission Européenne soit la personne ayant donné instruction à l'EFSA d'utiliser le document d'orientation pour les abeilles illégitime (au mépris du jugement plus avisé du patron de l'EFSA Bernhard Url) ? Juncker aurait-il pu donner instruction au Commissaire Andriukaitis de jeter le glyphosate à nouveau dans le maquis des procédures d'évaluation, bien que les responsables du BfR et de l'EFSA aient publiquement déclaré qu'il n'y a pas eu d'influence de Monsanto sur les évaluations du risque du glyphosate ? Le Président pourrait-il avoir bloqué la publication de l'étude du CCR montrant combien les agriculteurs ont été malmenés par l'interdiction de précaution des néonics ? Juncker aurait-il pu donner instruction à la Commission Européenne d'étendre l'interdiction des néonicotinoïdes à tous les usages (bien qu'il soit probable que la Commission perde le procès relatif à son interdiction antérieure), sans consulter ses scientifiques ou les agriculteurs ? Y aurait-il eu un accord avec certains États membres (par exemple, la royale Ségolène) qui a pris le pas sur les avis des scientifiques et les intérêts des agriculteurs et des consommateurs ?

 

Toutes ces questions semblent absurdes jusqu'à ce que l'on regarde les antécédents de Juncker, son arrogance et son mépris de la science appliquée à la réglementation.

 

 

La « Junck-science »

Ce que nous avons vu dans le Bruxelles de Jean-Claude Juncker est une simple stratégie opportuniste – travailler dur pour dissoudre les problèmes et non les résoudre ou créer un meilleur projet de l'UE, juste déplacer les problèmes ailleurs. Cela s'applique à ces problèmes qui impliquent des faits, des preuves et des données qui peuvent être dérangeants pour les plates-formes politiques opportunistes, c'est-à-dire les questions fondées sur une science claire. L'une des premières démarches de Juncker en tant que Président de la Commission Européenne a été de supprimer le poste de Conseiller Scientifique Principal. Il l'a remplacé par un conseil de scientifiques – une sorte de maquis, dans lequel il pourrait balancer n'importe quel problème avec l'espoir de le voir se perdre dans le débat scientifique aussi longtemps qu'il pourrait être ignoré. Imaginez qu'Anne Glover ait dit au célèbre anti-OGM Juncker que les OGM sont parfaitement sûrs... il aurait été obligé de l'écouter. Non, non, et trois fois non, cela ne l'aurait pas aidé dans sa politique d'expédients. Il était préférable de former un groupe de scientifiques et de s'assurer qu'ils ne seront pas en mesure de dégager une position claire. Ainsi, les faits peuvent être facilement ignorés ou cachés dans le sombre marécage du désaccord ou de l'incertitude scientifiques artificiels.

 

Il est temps d'introduire un autre terme dans l'eurojargon à Bruxelles !

 

Ce que nous avons subi au cours des deux dernières années, c'est la « Juncker-science » – ou « Junck-science » en plus bref –, l'art de créer un dissensus scientifique afin que les preuves et les faits indésirables puissent être ignorés et écartés du processus politique aussi longtemps que possible. Les ONG ont maîtrisé ce rejet de la rationalité en dotant des scientifiques activistes mineurs de machines de relations publiques pour diffuser des messages d'incertitude et de doute (de Séralini à Portier, de Goulson à Kortenkamp). L'objectif de Juncker, lorsque les expédients l'exigent, est de garnir les activistes scientifiques avec des microphones afin que les problèmes qu'il peut trouver trop difficiles à résoudre (comme les NBT – nouvelles techniques de modification génétique –, l'acrylamide ou les OGM) puissent être renvoyés au milieu universitaire, en permanence, pour une nouvelle étude de manière à préserver le statu quo (au moins jusqu'à la fin de son mandat). Recevoir de vrais avis scientifiques ne présente aucun intérêt, le mépris pour les faits et les preuves prévaut.

 

 

Junck-Science : l'art de créer un dissensus scientifique afin que les preuves et les faits indésirables puissent être ignorés et écartés du processus politique aussi longtemps que possible. Recevoir de vrais avis scientifiques ne présente aucun intérêt, le mépris pour les faits et les preuves prévaut.

 

La Junck-science résulte de l'application aveugle du principe de précaution dans un environnement réglementaire axé sur les dangers. Cette idée est simpliste : invoquer la précaution pour tout ce qui provoque une « irritation réglementaire », sauter sur les expédients et supposer que les acteurs concernés disparaîtront et trouveront des solutions de rechange. Le simple fumet de la précaution suffit à clouer définitivement au pilori une substance, une application ou une technologie, ce qui condamne les vraies preuves scientifiques à l'inutilité ou l'impuissance. La peur et l'incertitude permettent d'ignorer facilement la science, lorsqu'elle est indésirable, jusqu'à ce que nous ayons oublié les avantages dont nous avons été privés par la lâcheté réglementaire.

 

Malheureusement, toutes les sciences ne peuvent pas être ignorées avec tact (ou tacitement) ; dans le cas du glyphosate et des néonicotinoïdes, les faits et les preuves commencent à mettre la Junck-science à l'épreuve. Le Commissaire à la santé Andriukaitis avait eu instruction de renvoyer le glyphosate dans les arcanes de l'Agence Européenne des Produits Chimiques pour 18 mois (pendant que Juncker réformerait la comitologie pour que le problème puisse être évacué). Ils n'ont pas prévu que l'ECHA verrait si vite l'évidence des faits sur la sécurité du glyphosate et allait prendre une décision rapide et claire en faveur de l'herbicide du siècle. Les partisans des incessants expédients de la Junck-science devront trouver une autre adresse à laquelle envoyer ce dossier et l'y faire patienter jusqu'à ce qu'ils trouvent une autre manière de faire disparaître la ré-autorisation du glyphosate. Peut-être que les accusations insensées forgées de toute pièce dans les « Monsanto Papers » donneront au Commissaire à la santé une excuse pour appliquer le principe de la Junck-science. Andriukaitis n'est pas idiot ; alors pourquoi aurait-il dit quelque chose de stupide ? La seule explication que je peux trouver pour l'intervention inexplicable d'Andriukaitis est que c'est l'œuvre de la Junck-science – Juncker se livre à des arrangements politiques et dit à ses scientifiques et Commissaires à l'esprit scientifique d'aller se faire voir.

 

Les néonicotinoïdes font paraître la Junck-science encore plus ridicule. Le Commissaire Andriukaitis a ridiculisé l'interdiction pour « sauver les abeilles » (les propres chercheurs de la Commission ont confirmé en 2013 qu'il n'y avait pas d'« abeillecalypse ») en démentant que l'interdiction des néonics avait été motivée par la santé des abeilles. Mais plutôt que de lever l'interdiction des néonics qui étrangle les agriculteurs européens, le Commissaire européen à la santé a été obligé, en 2015, d'appliquer la Junck-science et de demander, puis d'ignorer, une autre étude pour voir si les agriculteurs étaient réellement étranglés.

 

En demandant une autre étude, la Commission pourrait acheter une paire d'années supplémentaires, pendant lesquelles des emm... comme M. Monger s'en iraient. Et bien non ! Malgré sa mauvaise santé, le Risk-Monger est déterminé à vivre assez longtemps pour mettre en évidence un autre échec du principe de précaution de l'UE.

 

L'étude du CCR commandée par Andriukaitis a en effet montré, sans l'ombre d'un doute, que les agriculteurs payaient le prix fort, en utilisant plus de pesticides (plus anciens et moins efficaces), en travaillant plus pour maîtriser les ravageurs, en subissant des pertes de rendement à cause du parasitisme accru et en ne voyant aucun bénéfice pour les populations d'insectes utiles comme les abeilles. En bref, la propre recherche de la Commission Européenne, a conclu, en gros caractères, que l'interdiction de précaution des néonicotinoïdes de 2013 a été un flop retentissant. Que fit alors la Commission Européenne ? Elle a refusé de publier cette étude financée sur fonds publics ! C'est conforme à l'esprit de cette lamentable Junck-science. L'étude a cependant été publiée sous une forme brute ici.

 

J'ai lu ce document interne du CCR, vu les données convaincantes qui crient le sort misérable auquel on a contraint les agriculteurs, l'environnement et aussi – oui , aussi – les abeilles ; et je me suis demandé pourquoi des gens intelligents continueraient à faire de telles choses stupides ? Pourquoi étendraient-ils l'interdiction des néonics malgré la preuve éclatante d'une faillite totale ? Je ne peux que proposer une conclusion : l'ingérence politique de Jean-Claude Juncker et ses combines.

 

Franchement, la Junck-science illustre ce qui ne va pas avec les règlements fondés sur la précaution. Elle témoigne d'un manque de respect envers la science de la réglementation. L'ingérence de Juncker transforme la science réglementaire européenne en un équivalent du kitsch du Concours Eurovision de la Chanson – et la DG Santé est devenue l'équivalent de la chanson candidate française : insipide et sans chance de succès. Si j'étais un scientifique travaillant à la Commission Européenne, je parlerais. Si j'étais le Commissaire Andriukaitis, je préserverais mon intégrité et je démissionnerais (en entraînant avec moi ce combinard sans vision).

 

 

Comment faire face à Junck-science ?

 

Les choses sont hors de contrôle. Il y a même, apparemment, une rumeur selon laquelle le plan de la Commission visant à interdire tous les néonics serait la contrepartie de la bénédiction des activistes et des Verts pour une ré-autorisation du glyphosate. Que les fonctionnaires de la Commission puissent envisager une telle chose montre combien ces régulateurs sont ignorants des choses de l'agriculture et des effets de leurs règlements sur les agriculteurs ; et encore plus du caractère dictatorial enragé des ONG qui n'ont aucun sens du compromis. Ces hyènes ont trop investi dans l'interdiction du glyphosate et elles flairent le sang. Les mots ne suffisent pas pour exprimer combien cette tentative pathétique de compromis sera ridicule.

 

La première chose que toute personne sensée recommanderait, c'est de transférer la réglementation des pesticides de la DG Santé à la DG Agriculture afin qu'elle puisse être gérée par des personnes qui ont vraiment une idée de ce que font les agriculteurs. Que Juncker puisse faire un deal dans un coin avec Ségolène Royal sans consulter les personnes qui savent ce dont les agriculteurs ont besoin, est proprement absurde !

 

 

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Les agriculteurs doivent s'exprimer et exiger des règlements raisonnables. S'en remettre à des décideurs pour faire prévaloir le bon sens ou au Copa-Cogeca pour se défendre n'est pas une stratégie efficace. L'obtention d'une compensation pour un nombre croissant d'échecs de cultures n'est pas un mode de production et, au fur et à mesure que d'autres agro-technologies lui seront refusées, l'agriculture de l'UE deviendra moins une profession et plus une activité patrimoniale. Les producteurs laitiers ont manifesté à Bruxelles et la Commission s'est pliée presque instantanément (d'accord, les producteurs sont venus avec quelques taureaux bien stressés). J'aimerais inviter les agriculteurs européens à me rejoindre pour un barbecue sur la Place Schuman, pour une petite manifestation « Arrêtez le Stupide ». Venez avec vos tracteurs !

 

Et enfin, simplement, Juncker doit démissionner. Ses problèmes personnels affectent déjà sa capacité à prendre des décisions claires. Que confronté au Brexit, à la dette souveraine, à la perte de confiance dans l'UE et à une crise de légitimité, Juncker se préoccupe d'imposer sa volonté sur la santé des abeilles tout en étant si mal conseillé sur l'état de la science actuelle est une indication claire qu'il n'est pas apte à diriger. Je n'en peux plus de sa charmante inutilité. Combien de temps faut-il encore pour que Juncker transforme tout Bruxelles en une version bon marché du Concours Eurovision de la Chanson ?

 

Résultat de recherche d'images pour "zéro pointé" Zéro pointé pour la Juncker Team  !

 

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* David pense que la faim, le SIDA et des maladies comme le paludisme sont les vraies menaces pour l'humanité – et non les matières plastiques, les OGM et les pesticides. Vous pouvez le suivre à plus petites doses (moins de poison) sur la page Facebook de Risk-Monger.

 

Source : https://risk-monger.com/2017/05/10/glypho-nicotinoids-and-Junck-science-who-is-really-responsible-for-eu-food-safety-regulations/

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