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Agriculture, alimentation, santé publique... soyons rationnels

Et revoici Rivasi : l'anticapitalisme comme politique de santé publique

28 Avril 2017 , Rédigé par Seppi Publié dans #Activisme, #Santé publique, #Politique

Et revoici Rivasi : l'anticapitalisme comme politique de santé publique

 

 

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Il y eut la lamentable saga des projections-débats de Vaxxed..., le « documentaire » de M. Andrew Wakefield, le célèbre auteur d'une fraude scientifique sur les vaccins et l'autisme. Mme Michèle Rivasi avait tenté d'instrumentaliser le Parlement Européen à Bruxelles en soutien des anti-vaccins ; elle avait aussi donné une information sur l'événement de Paris qui s'est révélée fausse.

 

Dans une interpellation des candidats à la présidentielle, elle dévoile ses a priori et son militantisme anti-vaccins, sous le camouflage d'un appel à la liberté de choix thérapeutique.

 

Dans la même interpellation, elle propose d'inverser la charge de la preuve en cas d'accident de santé dont il est allégué qu'il est lié à un vaccin ou un médicament. « ...c'est à l'industriel de prouver l'absence de lien de causalité entre le médicament ou le vaccin et la maladie postérieure à sa prise », écrit-elle avec ses co-auteurs Philippe Even, Romain Gherardi et Jacques Testart (présenté comme biologiste, président d'honneur de Sciences citoyennes).

 

Mme Rivasi a aussi fait fort à la suite d'un « documentaire » sur les tampons hygiéniques diffusé sur France 5 le mardi 25 avril 2017. Mais ce sera pour demain.

 

 

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Retour sur la manœuvre anti-vaccins

 

Nous avons en quelque sorte quitté Mme Michèle Rivasi le 16 février 2017 avec « Vaccins : Rivasi a dit... a-t-elle menti ou a-t-elle été grugée par ses sous-traitants ? ». Pour rappel, Mme Rivasi avait organisé – ou prêté son nom pour l'organisation – des projections-débats du « documentaire » Vaxxed: From Cover-Up to Catastrophe (Vaxxed : de la dissimulation à la catastrophe) à Bruxelles et à Paris.

 

À Bruxelles, elle avait tenté d'instrumentaliser le Parlement Européen et c'est son propre groupe politique, Les Verts|ALE qui l'en avait empêchée. À Paris, la projection du « documentaire » a eu lieu en quelque sorte clandestinement, Mme Rivasi ayant annoncé précédemment sur Facebook que :

 

« Suite à la polémique que suscite le film et son réalisateur, nous avons décidé de ne pas projeter Vaxxed à Paris pour permettre un plus large et apaisée débat -nous l'espérons- sur la question de la vaccination en France. »

 

Vaxxed..., c'est un concentré d'alterscience et de complotisme anti-vaccins (évidemment sous des airs suffisamment conviviaux pour embobiner le spectateur).

 

Et les débats – c'était avec quelques anti-vaccins notoires et, notamment, M. Andrew Wakefield. Celui-ci fut médecin avant d'être radié pour fraude scientifique, sur les vaccins justement, et est le réalisateur de Vaxxed.

 

À propos, M. Andrew Wakefield est fréquentable non seulement pour Mme Rivasi, mais aussi pour M. Donald Trump. Houla ! C'est le sophisme du discrédit par association... nous n'avons pas pu résister...

 

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Mise en cause pour un soutien à une cause qui revient à une mise en cause de la santé publique, Mme Rivasi s'était défendue le 8 février 2017 en évoquant une « chasse aux sorcières » – c'est toujours efficace de se mettre dans la position de la victime, surtout de grands méchants harceleurs. D'autre part, elle avait bombé le torse :

 

« Pourquoi, alors, avoir maintenu l'invitation du Britannique [Andrew Wakefield] ? "Je l'aurai en face, et je pourrai l'attaquer sur sa théorie", ainsi que sur les autres nombreuses critiques dont il fait l'objet, assure l'eurodéputée. »

 

Cela fut suivi d'un grand silence...

 

Mais il y a cet élément d'information tirée d'un blog qui épouse sans rechigner les thèses anti-vaccinales et complotistes :

 

« Les questions posées par Michele Rivasi à Andrew Wakefield lors de la conférence de presse à Bruxelles correspondant à celles que je souhaitais lui poser. »

 

On vous laisse donc imaginer le sens des questions...

 

Comme nous l'avions indiqué, Mme Rivasi avait communiqué sur Facebook sur la réunion-débat de Paris. Voici, à nouveau, le texte complet de cette merveille :

 

« Passionnant débat organisé hier soir à Paris sur les vaccins pour répondre à la légitime défiance de nos concitoyens à leur égard après les divers scandales sanitaires des dernières années en présence notamment du Professeur Philippe Even, du chimiste et toxicologue André Picot et du pharmacien Serge Rader.

 

Il a été rappelé l'utilité de la vaccination pour lutter contre les grandes épidémies mais la nécessité de ne pas sacraliser les vaccins mais de s'interroger sur leurs effets sur des nourrissons au système immunitaire fragile par exemple. Idem pour les adjuvants aluminiques notamment ou sur les traces de nano-particules de métaux lourds et leurs potentielles conséquences...

 

Il a été décidé au terme du débat d'organiser une interpellation des candidats à la présidentielle sur la nécessaire révision de la politique du médicament et des vaccins afin d'endiguer la capture scientifique et réglementaire de la Big-Pharma sur notre santé et de pérenniser l'égal accès de tous aux soins face à l'explosion du prix du médicament. »

 

 

débat après la projection en présence du réalisateur Andrew Wakefield.

L'homme en veste claire, c'est l'absent/présent ou présent/absent Andrew Wakefield (source).

 

 

Interpeller les candidats...

 

Comment « répondre à la légitime défiance de nos concitoyens » ? En entretenant le caractère prétendument légitime de la défiance... Quel est l'objectif de l'interpellation ? « ... endiguer la capture scientifique et réglementaire de la Big-Pharma sur notre santé... »

 

 

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Une autre cause qui reçoit l'attention de Mme Rivasi

 

On peut lire cette interpellation sur le site de Mme Rivasi. Il y a une version courte sur le Huffington Post, « Ce que nous proposons aux candidats à la présidentielle pour une politique plus avisée du médicament et des vaccins ». Nous ? Ce sont sur le Huff M. Philippe Even, Mme Michèle Rivasi et M. Jacques Testart (présenté comme biologiste, président d'honneur de Sciences citoyennes – cette association accepte-t-elle d'être ainsi associée à la démarche ?). Sur le site de Mme Rivasi s'ajoute M. Romain Gherardi.

 

C'est long comme un jour sans pain. Et c'est triste. Car le fil conducteur n'est pas l'amélioration de la santé publique, mais l'assaut contre l'industrie pharmaceutique. Les trois points clés :

 

  • Pour en finir avec la capture scientifique et réglementaire de l’industrie pharmaceutique

     

  • Pour réaliser 10 milliards d’euros d’économies sur nos dépenses de Sécurité sociale

     

  • Pour restaurer la confiance des français pour les vaccins

 

Parmi les propositions (tiré du Huff) :

 

« En finir en France avec l'obligation vaccinale comme dans la majorité des pays de l'UE afin de garantir la liberté de choix thérapeutique des patients conformément à la loi Kouchner ».

 

Nous y voilà ! Le « liberté de choix thérapeutique des patients », c'est le cheval de Troie des anti-vaccins.

 

 

Haro sur « l'industriel »

 

Résultat de recherche d'images pour "michèle rivasi industrie pharmaceutique" Il y a aussi :

 

« Reconnaître les lanceurs d'alertes sanitaires et indemniser les victimes d'accidents médicamenteux et des vaccins en inversant la charge de la preuve : c'est à l'industriel de prouver l'absence de lien de causalité entre le médicament ou le vaccin et la maladie postérieure à sa prise. »

 

On peut imaginer le résultat : je me fais vacciner ; huit jours (ou deux ans, on ne sait pas trop) après, un bouton disgracieux se développe sur mon nez... j'incrimine « l'industriel » qui devra prouver que le vaccin est hors de cause. Plus sérieusement, on peut imaginer le nombre de litiges qui ne manqueront pas de surgir, fondés sur un « post hoc, propter hoc », grâce à l'activisme des milieux anti-vaccins.

 

Sur son site, Mme Rivasi se prévaut de la situation en Allemagne :

 

« En Allemagne par exemple, depuis le scandale de la thalidomide, un médicament est reconnu comme dangereux par nature. Les victimes sont donc protégées par une présomption de causalité et c’est au laboratoire de prouver que son médicament n’a pu causer des dommages. »

 

Résultat de recherche d'images pour "michèle rivasi industrie pharmaceutique" Absence de preuve ne vaut certes pas preuve de l'absence, mais nous n'avons rien trouvé à l'appui de cette thèse. Nous avons, au contraire, toutes les raisons de croire que la situation en Allemagne est dans l'ensemble la même que dans le reste de l'Union européenne, et ce, sur la base de la directive du Conseil du 25 juillet 1985 relative au rapprochement des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres en matière de responsabilité du fait des produits défectueux (pour ceux qui lisent l'allemand, voir aussi ici et ici).

 

Le plus drôle – façon de parler – est que les auteurs de cette post-vérité citent la directive, jugée – évidemment – insuffisante !

 

Notons enfin que la question de la charge de la preuve en matière d'accidents de santé après une vaccination est devant la Cour de justice de l'Union Européenne, sur la base d'une interrogation de la Cour de Cassation française (voir ici les conclusions de l'avocat général).

 

 

Comment peut-on ?

 

Comment peut-on – surtout dans le cas de Mme Rivasi, députée européenne – ignorer à ce point le fait que la directive opère un « rapprochement » des dispositions législatives, réglementaires et administratives des États membres en matière de responsabilité du fait des produits défectueux ?

 

Comment peut-on ignorer l'article 4 de cette directive, que l'on a soi-même citée :

 

« La victime est obligée de prouver le dommage, le défaut et le lien de causalité entre le défaut et le dommage. »

 

Comment peut-on ignorer à ce point les règles élémentaires du droit qui prévaut dans tous les États – à l'exception des États totalitaires, et encore, dans des juridictions d'exception – qui veulent que, généralement, onus probandi incumbit actori, ou onus probandi incumbit ei qui dicit non ei qui negat ? Comment peut-on, donc, proposer de mettre la France au ban des Nations, pour tout dire crûment, civilisées ?

 

Dans le cas de Mme Rivasi (et de ses co-auteurs), on peut...

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